Le dépêches-toi s’est construit sur des phrases du type : «arrêtes de trainer», « tu es trop lent », « à cause de toi, on va être en retard »….

On apprécie d’être aux cotés d’un dépêches toi car c’est quelqu’un qui se met en mouvement rapidement, qui est réactif et efficace. Il est très apprécié au travail car il sait bosser vite, respecte les délais, trouve des solutions ingénieuses pour accélérer la cadence de production et sait aller droit au but pour obtenir les résultats attendus.

Le dépêches-toi a ainsi intégré dans ses croyances, qu’on ne fait bien les choses qu’en étant rapide. Il évalue ainsi ce qui est bon, bien et juste pour sa rapidité d’exécution. On reconnait ainsi souvent un dépêches-toi par son débit de parole, l’utilisation d’onomatopée du style ‘hop hop hop’, ‘tac, tac, tac’ et par la référence quasi systématique au temps. Toutes les tâches sont timées et il communique toujours avec une grande fierté les nouveaux records de temps qu’il a pu réaliser dans sa folle journée!

En conséquence, le dépêches-toi ne sait pas profiter de l’instant présent, car il a uniquement en ligne de mire, le temps qui passe, ce qui devrait déjà être fait, ce qu’il faudra faire ensuite et la manière dont il faudra le faire pour être le plus efficace et rapide possible. Chronomètre en main, il tente sans cesse d’optimiser le temps et souhaite entrainer les autres avec lui dans sa spirale infernale, quitte à être fatigant pour les autres et pour lui même. Car oui, le dépêches-toi a du mal à comprendre que les autres ne soient pas sur le même rythme. Autre point difficile pour lui: l’ennui, synonyme de vide, de temps gâché et d’inutilité.

Enfermé dans cette croyance, le dépêches-toi risque de faire preuve de beaucoup d’agitation. Ainsi, à vouloir aller trop vite, il s’éparpille et fait les choses à moitié. Faire travailler un Sois Parfait et un Dépeches-toi ensemble peut provoquer pas mal d’étincelles car quand l’un veut prendre son temps pour faire les choses parfaitement, l’autre veut aller vite pour avoir finit la tâche en un temps record et passer à la suivante… De manière générale, dans sa vie personnelle et professionnelle, toute situation où il estime perdre son temps le mettra dans un état irritabilité très fort, qui se matérialisera rapidement par des messages verbaux et corporels traduisant son impatience. Mais le lendemain, vous pouvez retrouver ce grand nerveux dans une détresse incroyable, car il n’a pas assez de choses à faire aujourd’hui. Dans ce cas, il se retrouve démuni et vidé de sens et d’énergie. L’angoisse et la déprime le guettent alors rapidement, avec cette impression diffuse de ne servir à rien et le stress de se retrouver face à lui même et à ses pensées. Ce n’est donc vraiment pas facile de suivre un dépeches-toi, qui oscille constamment entre 2 extrêmes: une vitesse folle, ou un ennui sidéral, une énergie débordante ou une chute de morale déroutante! Pas de juste milieu pour lui.

Si vous côtoyez un dépêches-toi, il vous faudra l’amener à prendre son temps et profiter ainsi de l’instant présent. Accompagnez-le à vivre des journées loin de l’agitation quotidienne, loin de to do list à cocher, de RDV qui s’enchainent… Des journées où la notion de temps n’a pas d’importance, mais où il ne s’ennuiera pas pour autant… et lui répétez avec douceur et bienveillance, autant de fois que possible: « prends ton temps », « nous avons tout notre temps ». Cela le déboussolera forcément au début, mais l’objectif est qu’il puisse découvrir que la notion de bon ou mauvais peut se définir en dehors de l’espace temps. Que la qualification d’une bonne ou mauvaise journée ne se résume pas aux nombres de tâches accomplies. Toute la magie sera de lui faire découvrir la qualité et le ETRE à la place de la quantité et du FAIRE. (Si vous managez des dépêche toi, allez plus loin en découvrant cet article)

Si vous êtes un dépêches-toi, je vous parie que vous êtes en train de lire ce texte en diagonal. Normal, vous n’avez pas le temps de lire tout dans le détail! Mais demandez-vous quand même: Est-ce que je n’ai pas le temps, ou est ce que je ne me donne pas ce temps? Qu’est-ce qui se passerait si je prenais le temps de tout lire? Et bien évidemment cela fonctionne pour toutes les autres tâches auxquelles vous allez être confrontées dans votre journée. Certaines sont effectivement rattachées à un temps (deadline à respecter), mais pour les autres, agissez vous différemment?

Et la relation avec les autres dans tout ça? Car, s’il y a bien quelque chose qui demande constamment du temps, c’est bien la relation et la communication avec les autres.

Arrivez-vous à être pleinement connecté à l’autre et à ses besoins quand votre tic tac interne vous rappelle que le temps passe et que vous avez encore tellement de choses à faire dans votre journée? Combien de fois, sans le vouloir réellement, mais parce que c’est plus fort que vous, vous coupez la parole, écourtez des échanges, ou n’écoutez que d’une oreille car dans votre tête, vous êtes en train de réfléchir à la manière de rattraper le temps que vous êtes en train de « perdre »? Cela parait assez fou quand on sait que, finalement, vous ne faites tout cela que dans l’ultime but de vous sentir aimable (digne d’être aimé). Pour en savoir + sur le besoin de reconnaissance, découvrez cet article. Malheureusement, focusé comme vous êtes sur l’enchainement de vos tâches, vous laissez peu de place à la relation. On vous appelle « bip bip », « courant d’air », « Monsieur le ministre au planning bien chargé » etc… Bref, vous êtes celui qui n’est « jamais disponible », et qui, a priori, est trop occupé à des choses beaucoup plus importantes… et voilà comment cette croyance poussée à l’extrême vous amène à des résultats inverse de ceux que vous recherchez profondément: l’amour des autres, la considération, la légitimité de votre place.

Il est donc temps de remettre en cause cette croyance que vous portez depuis longtemps. Acceptez les limites de ceux qui vous ont fait inconsciemment intégrer cette injonction et acceptez également vos propres limites d’y avoir cru et d’avoir essayé.

« Il ne faut pas chercher à rajouter des années à sa vie, mais plutôt essayer de rajouter de la vie à ses années ». John F. Kennedy

Comme nous l’explique cette vidéo de Et tout le monde s’en fout, la notion de temps est subjective et ne doit rester qu’un moyen et non une fin. La seule notion de temps importante est finalement celle de prendre le temps de vivre car une chose est sûre, nous avons un temps limité pour ETRE. Il serait dommage de le gâcher à courir après une liste de choses à FAIRE

Marion

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