Il était une fois un très bon jardinier qui adorait son métier. Un jour, quelqu’un qu’il aimait beaucoup lui dit : « j’ai trouvé cette très jolie plante lors d’un de mes voyages, je te l’offre, prends-en soin, elle est très rare et donne des fleurs d’une grande beauté dès qu’elle se sent bien. »
Le jardinier émerveillé réfléchit longtemps avant de choisir l’endroit le mieux adapté et finit par trouver un endroit ensoleillé le matin et protégé l’après-midi, près d’un vieux puits accueillant et d’un figuier souriant. Puis, il travailla sa terre pour que sa plante ait le meilleur mélange et lui dit tendrement : « tu vas te sentir bien dans mon jardin, tu vas voir. »

Il la planta, resta près d’elle tout le matin pour lui présenter un à un tous les habitants de son nouveau jardin.

Le lendemain, en se levant, le jardinier alla observer sa plante et lui trouva mauvaise mine. Ses feuilles étaient sans éclat et sa tige penchait sur le côté. Inquiet, le jardinier ôta les quelques mauvaises herbes à son pied, l’arrosa doucement et resta près d’elle tout le matin en lui chantant des chansons douces pour qu’elle s’acclimate. Puis il alla voir le reste du jardin et partit se coucher.

Le lendemain matin, en se levant, le jardinier alla observer sa plante et lui trouva très mauvaise mine. Deux de ses feuilles étaient tombées, les autres semblaient flétries et elle penchait de plus en plus. Encore plus inquiet, le jardinier la vaporisa tendrement, caressa les feuilles qui restaient, installa des enceintes étanches près de la plante pour lui passer de la musique classique pendant qu’il lui parlait, mit un peu d’engrais, passa la journée auprès d’elle puis alla se coucher.

Le lendemain matin, en se levant, le jardinier examina sa plante et se dit qu’elle était très mal en point. Il ne lui restait qu’une feuille qui commençait à jaunir, elle était toute bossue et semblait vouloir rentrer sous terre. Le jardinier se dit qu’elle allait disparaitre et qu’il lui fallait un miracle. C’était un jardinier très courageux et, pourtant, il avait les larmes aux yeux quand il alla voir le sorcier dans sa grotte, en haut de la montagne.

Ce sorcier qui avait 127ans ne voulait plus sortir de sa grotte depuis 10ans, mais le jardinier était tellement inquiet qu’il accepta de venir examiner sa plante. C’était un sorcier plein de sensibilité.
Il fit lentement le tour de la plante à l’agonie, posa des questions sur l’engrais, sur la profondeur du puits, sur les compositeurs de musique classique que le jardinier avait choisis. Il se gratta la barbe, se pinça le nez, fit quelques bruits bizarres et regarda en l’air. Puis il dit au jardinier : « je crois bien qu’à force d’être sur elle, vous lui avez caché le soleil. » Et il repartit vers sa grotte.

Cette histoire est tirée du livre d’Emmanuelle PIQUET, Faites votre 180°.

L’auteur explique comment notre perception de ce qu’est un « bon parent », un « bon manager », ou dans cette histoire, un « bon jardinier », et la façon dont on s’accroche à cette définition, nous pousse fréquemment, face à une difficulté, à faire toujours un peu plus de la même chose. Ce « bon sens » à nos yeux nous amène à persévérer dans une solution improductive et à adopter des comportements de plus en plus rigides qui finalement auront plutôt tendance à aggraver le problème.

À travers plus d’une dizaine d’exemples dans les sphères professionnelles et personnelles, Emmanuelle PIQUET illustre à quel point notre « bon sens » initial nous pousse à persévérer dans le mauvais sens, et nous invite à faire un virage à 180° pour sortir de ce cercle vicieux .

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