Justine est une jeune femme de 28 ans, dynamique et enjouée. Elle vit en couple depuis quelques années avec Sébastien. Ils viennent d’emménager dans leur maison. Professionnellement, tout semble également réussir à Justine puisqu’elle occupe un poste à responsabilité dans la direction marketing d’une grosse entreprise de sa région.

Pourtant, si de l’extérieur, tout un chacun pourrait faire ces constats, il n’en est absolument pas de même pour Justine. Justine n’est pas aussi heureuse et épanouie qu’elle le montre. En fait, comme elle le dit elle-même, elle est une éternelle insatisfaite. Tout ce qu’elle a et tout ce qu’elle fait, ce n’est jamais assez. Assez pour quoi ? Et bien assez d’après elle, par rapport aux autres. Elle ne s’estime jamais à la hauteur. Et quand même bien elle semble toucher du doigt son objectif, elle ne peut pas s’empêcher de s’en fixer un encore plus haut, l’empêchant ainsi de savourer quelques instants l’étape franchie.…

La maison qu’ils viennent d’acheter ? Super, mais pour le moment, elle freine des 4 fers à inviter qui que ce soit car elle se souvient de la magnifique crémaillère de sa meilleure amie. Elle a encore du boulot avant de pouvoir envisager de lancer les invitations…

Son couple ? ça va bien, mais ils se disputent quand même souvent. Rien à voir avec le modèle que lui ont donné ses parents.

Des projets de bébé ? Oui pourquoi pas… Mais comment rivaliser avec la petite famille parfaite de sa sœur ?

Son travail ? oui, c’est un beau poste… mais que va-t-elle faire ensuite ? car jamais elle ne saura jamais faire le job de son manager.

Sa vie sociale ? oui, ça va… Mais quand elle voit ce que les autres postent sur les réseaux sociaux, il faut croire qu’elle n’est pas si sociable qu’elle aimerait le dire.

Chaque sujet évoqué finit toujours par la même conclusion. Ce n’est jamais aussi bien que les autres…

Bref, Justine se compare continuellement et force est de constater que ça ne la rend pas heureuse.

Mais pourquoi se compare-t-on tant ?

Comme évoqué dans l’article sur l’estime de soi, lorsqu’on est enfant, on se construit et s’évalue à partir de 5 grands éléments qui nous servent de référence : notre réussite scolaire, notre conformité comportementale, notre popularité auprès des autres, nos compétences athlétiques et enfin notre aspect physique. Pour faire cela, nous sommes continuellement en train de jauger où nous sommes vs où sont les autres. 

2 jeunes athlètes en compétition

C’est donc un réflexe que nous avons dès le plus jeune âge et qui est entretenu dans notre éducation, par nos parents, nos professeurs, et même encore plus tard à l’âge adulte dans le monde professionnel ou les loisirs. On se compare constamment aux autres. Et cette comparaison a tendance à se transformer en compétition, alimentant envie, jalousie, insatisfaction, sentiment d’infériorité ou de supériorité etc…

Les 3 types de comparaisons

Auprès de qui choisissez-vous de vous comparer ? Car oui, on choisit, même inconsciemment, auprès de qui on se compare. Et peut-être qu’avant de vouloir arrêter de se comparer, il peut déjà être utile de revisiter auprès de qui on se compare.

On distingue ainsi 3 grandes comparaisons possibles :

  • La comparaison latérale : avec des personnes perçues comme du « même niveau » que nous dans le domaine de comparaison choisi ;
  • La comparaison ascendante : avec des personnes perçues comme meilleures que nous dans le domaine de comparaison choisi ;
  • La comparaison descendante : avec des personnes perçues comme moins bonnes que nous dans le domaine de comparaison choisi.

Le mot « perçu » a toute son importance… Car tout cela est bien sûr subjectif. Soyons honnête : nous avons déjà du mal à nous connaitre et à nous évaluer correctement. Alors, bien sûr, que nous ne pouvons jamais totalement connaitre et donc parfaitement évaluer l’autre.

Ces 3 types de comparaisons ont des fonctions différentes :

  • La comparaison latérale nous permet de confirmer notre avis sur nous-même et également de trouver des alliés qui sont sur le même niveau et chemin que nous ;
  • La comparaison descendante nous permet de nous rassurer ;
  • La comparaison ascendante nous permet d’avoir des modèles, des objectifs et chercher ainsi à s’en rapprocher.

Le fait de se comparer aux autres n’est donc, en soi, pas mauvais. C’est un réflexe naturel et cela peut nous être utile. Mais tout dépend le type de comparaison que l’on utilise le plus et ce qu’on en fait…

Pour revenir à Justine, elle n’était principalement que dans de la comparaison ascendante.

Et comme chaque chose poussée à son extrême, présente des limites, et bien au lieu de lui donner de l’ambition et la force de progresser, toutes les comparaisons ascendantes finissaient par la tétaniser et lui faire perdre confiance en elle.

Car cela fonctionne comme un cercle vicieux. Plus je focalise uniquement sur des comparaisons ascendantes, moins je me sens à la hauteur et donc plus le gap qui me sépare de mes ambitions me parait grand. Donc je perds encore confiance, je me sens encore moins à la hauteur et je peux risquer de finir par baisser les bras…

Le problème, c’est que les 2 sujets de comparaisons sont biaisés : plus ça va et plus Justine se dévalorise, et donc ne s’évalue plus de façon juste. Et plus ça va, plus elle survalorise les personnes avec lesquelles elle se compare, ce qui n’est pas non plus une juste évaluation. D’autant plus qu’elle a tendance à en faire des généralités. Si une personne est meilleure qu’elle pour une chose, elle va avoir tendance à généraliser et penser que cette personne est meilleure qu’elle dans l’absolu.

Je propose donc à Justine l’exercice suivant (exercice proposé par Kevin Chassangre et Stacey Callahan dans le livre Cessez de vous déprécier ! Se libérer du syndrome de l’imposteur) :

Je lui demande de choisir une personne avec laquelle elle se compare constamment. Justine choisit l’un de ses collègues. Puis je lui demande de remplir chaque jour le tableau suivant.

Cet exercice a permis à Justine de sortir d’une vision binaire du type « moi je suis nulle sur tout et l’autre est meilleur que moi sur tout ». Personne n’est à 0% ou 100% sur tout.

Il faut effectivement être vigilant à nos filtres de perception qui nous brouillent la vue. 

tableau de comparaison

La croyance de Justine : « je ne suis pas à la hauteur par rapport à mon collègue » génère ce qu’on appelle un biais de confirmation : si elle n’y prend pas garde, son cerveau ne retient que les informations qui vont dans ce sens.

Avant, Justine ne voyait que le cercle de droite. 

cercles de comparaison

Progressivement, elle a appris à voir la partie du milieu et donc à construire une comparaison latérale avec son collègue. Et enfin, elle a aussi appris à voir le cercle de gauche et donc à construire une comparaison descendante avec son collègue.

En réajustant finalement ses perceptions de l’autre et d’elle-même, les comparaisons sont devenues plus justes et plus bénéfiques pour Justine.

Quand l’égo nous joue des tours

N’oublions pas également que nous sommes tous soumis à notre égo. Son but : donner l’image la plus flatteuse de nous. Donc attention il y a très souvent un décalage entre l’image idéale que l’autre donne à voir et la réalité.

Combien de fois avez-vous ainsi appris la séparation de couples qui vous semblaient pourtant des modèles d’amour et d’entente ?

Combien de personnes vous ont bluffées lorsque vous les avez rencontrées pour la première fois au travail et puis finalement, en travaillant à leur côté, vous vous êtes rendu compte que ce n’était que du flan ?

Combien d’amis vous suivez sur les réseaux sociaux en voyant leurs belles photos de vacances, de familles, tout en sachant que leur quotidien n’est bien évidement pas toujours celui-là. Mais si vous généralisez en pensant que la vie de cette personne, c’est ça, alors oui, il y a de forte chance que vous plongiez tête baissée dans une comparaison ascendante et dans la quête d’un idéal qui n’existe pas…

Et vous aussi, vous êtes soumis à votre égo. Demandez-vous alors si la comparaison a pour objectif de satisfaire votre amour de vous-même ou votre amour propre…

Derrière le succès

Enfin, un autre élément a permis à Justine de réajuster ses comparaisons ascendantes. Comme évoqué plus haut, ce type de comparaison est intéressant pour avoir un modèle, se fixer une ambition. Mais il faut garder en tête que c’est un objectif à terme et non quelque chose à atteindre tout de suite. Par exemple, Justine était admirative de la facilité avec laquelle son manager s’exprimait. Elle la trouvait particulièrement claire, très à l’aise, pertinente, inspirante etc…

Est-ce que son manager est né comme ça ? probablement pas. Son manager a appris, s’est entrainé et a sans doute parfois échoué avant d’atteindre ce niveau

Quand on compare à un instant T, c’est intéressant, mais il ne faut pas oublier tout le travail qui a sans doute été fourni en amont pour en arriver là. Et souvent, ça, on ne le voit pas, on ne le sait pas. Cela vous parait évident si vous commencez à jouer au tennis, que vous n’aurez pas tout de suite le niveau des meilleurs joueurs classés dans votre club. Et bien pourquoi est-ce que ce serait différent quand vous vous comparez à d’autres personnes dans d’autres domaines ?

pyramide du succiès

Et si en plus vous êtes du genre à vous mettre la barre très haute et à être perfectionniste, c’est directement le niveau de Nadal ou Federer que vous allez viser… De quoi surement vite vous décourager, car soyons honnêtes, au début, on passe plus de temps à ramasser les balles qu’à les renvoyer… Mais eux aussi sont passés par là…

Par contre, si vous passez votre temps à regarder leurs matchs, à décortiquer leurs gestes, à vous inspirer de leurs séances d’entrainement etc… alors, vous êtes en train de vous servir de vos modèles pour faire des apprentissages et progresser. Et là, la comparaison ascendante a tout son intérêt et sa puissance.

Je m’aperçois souvent dans les coachings que les gens modélisent peu. Ils se comparent juste pour évaluer où ils en sont. Et ça les rend anxieux, défaitistes, voire jaloux de ce que les autres sont capables de faire. Contrairement à beaucoup de choses que vous pourrez lire sur le sujet, je ne vous dis pas de ne plus vous comparer. Je vous invite à le faire autrement. Regardez comment la personne que vous enviez, fait. Quelles techniques ? Quelles compétences ? Quels savoir-faire ? Quels savoir-être ? Peut-être même que vous pouvez l’interroger pour savoir comment elle a fait pour en arriver là. Quelles sont les étapes par lesquelles elle est passée ? Voilà une comparaison enrichissante. 

Enfin, n’oubliez pas aussi que si la personne que vous admirez n’est pas arrivé à ce niveau-là sans faire tout un chemin au préalable, vous non plus, même si vous n’êtes pas encore au niveau que vous aimeriez. Prenez le temps de regarder votre évolution et le chemin parcouru plutôt que de focaliser uniquement sur le chemin qu’il reste à faire. Car finalement, la seule personne avec laquelle vous devriez vous sentir en compétition, c’est la personne que vous étiez hier…

Belles comparaisons désormais en votre faveur 😉

Marion

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