Avez-vous confiance en vous ? Avez-vous une juste image de vous ? Vous aimez-vous ?

Voilà 3 questions fondamentales. Mais qu’on se pose pourtant rarement.

De façon commune, on va simplement se dire qu’untel manque de confiance en lui ou que nous-même manquons de confiance en nous. Mais de là à parler de l’image de soi et du fait de s’aimer… il n’y a qu’un pas à franchir que nous nous efforçons de ne surtout pas faire. On ne sait jamais… il ne faudrait pas tomber dans l’égocentrisme ou encore le narcissisme…

Pourtant, même si on ne réfléchit pas consciemment à ces questions, inconsciemment les réponses que nous donnons influent très fortement sur notre relation à nous-même et donc aux autres. Cela joue aussi sur nos comportements, le sens que nous donnons à ce qui nous arrive, les objectifs de vie que nous nous fixons etc… et infine, ça impacte notre santé (morale et physique) et notre perception de notre bonheur.

Ce « ça » dont je parle, c’est notre estime de nous ;

Estime de soi à pas confondre avec la confiance en soi.

Différence entre Estime de soi et Confiance en soi

Même si dans le langage courant on parle souvent de problème de confiance en soi, en réalité, il s’agit souvent de quelque chose de plus large : l’estime de soi. Cette dernière repose sur 3 piliers dont la confiance en soi fait partie.

Les 3 piliers de l’Estime de soi :

La confiance en soi

Se penser capable de faire quelque chose.

L’image de soi

Se voir de façon juste, conforme à la réalité.

L’amour de soi

S’aimer de façon inconditionnelle.

La confiance en soi est donc contextuelle. Si communément, on entend donc souvent dire « je n’ai pas confiance en moi » en réalité, ça ne veut pas dire grand-chose. Cette personne n’a peut-être pas confiance en elle, par exemple pour parler en public, mais elle a forcément confiance en elle dans d’autres contextes : par exemple, quand elle conduit, cuisine, fait du sport, explique quelque chose à ses enfants etc…

L’image de soi, c’est la vision subjective que nous avons de nous-même avec nos forces, nos qualités, nos défauts etc… Lorsqu’on accorde une place trop importante à nos défauts, notre image de nous se dégrade et s’écarte de la réalité. C’est comme si nous étions devant un miroir déformant.

Enfin, l’amour de soi, c’est le fait de s’aimer, quoi que l’on fasse. Comme le dit si bien Christophe André :

« s’aimer ne souffre d’aucune condition : on s’aime malgré ses défauts et ses limites, malgré ses échecs et ses revers, simplement parce qu’une petite voix intérieure nous dit que l’on est digne d’amour et de respect »

Bien sûr, ces 3 piliers sont interdépendants. Difficile d’avoir confiance en soi lorsque notre image de soi n’est pas bonne et lorsqu’on ne s’aime pas de façon inconditionnelle. Et inversement.

Mais chez certaines personnes, l’un des 3 piliers peut être plus solide que les autres. Par exemple, ce n’est pas parce que votre collègue de travail a, à vos yeux, du charisme, parle facilement, partage ses convictions, est moteur et donc pourrait vous laisser penser qu’il a une bonne confiance en lui dans l’exercice de ses fonctions (ce qui resterait à valider avec lui), qu’il a une juste image de lui et s’aime de façon inconditionnelle…

Et c’est important d’avoir cela en tête, car les personnes qui manquent d’estime d’elles ont tendance à se comparer à d’autres, mais se font souvent une fausse idée. Elles imaginent que ces personnes sont totalement bien dans leurs baskets, mais ce n’est pas toujours le cas ; Un, deux ou les trois piliers de l’estime de soi peuvent être fragiles, même si les apparences pourraient laisser penser le contraire.

Les ingrédients de l’estime

Savez-vous estimer, à la louche, le prix de l’avant dernier iphone ? d’une télévision de telle marque ? d’un livre ?

Sans doute que oui. Car vous avez déjà acheté ou vu les prix de ces produits.

Et maintenant, savez-vous, toujours à la louche, vous estimez vous-même ? Car l’estime de soi, c’est bien cela : une estimation de notre propre valeur.

Difficile n’est-ce pas ?

Comment estimez quelque chose, ou ici quelqu’un, qu’on ne connait pas ou si peu… car soyons honnête la connaissance de soi est loin d’être une priorité, notamment dans la première partie de nos vies. Dommage, car c’est dès nos premières années qu’on construit les bases de notre estime de nous…

Et puis, pour faire une estimation, on a besoin d’une base, de références. Cela permet ensuite de faire des comparaisons. Evaluer si c’est plus ou moins par rapport à ces références.

Mais ça aussi, on ne connait pas vraiment. Comme on l’a vu précédemment, on ne sait des autres que ce qu’ils laissent paraitre…

Et puis enfin, nous filtrons les informations qui nous parviennent. Nous accordons ainsi plus d’importance à certains critères ou certaines expériences. Ce tri se fait soit de façon conscience mais généralement arbitraire (ne vous êtes-vous déjà pas étonné d’entendre quelqu’un accorder moins de valeur à telle réussite plutôt qu’à telle autre, alors qu’à vos yeux c’est la même chose ?), soit de façon totalement inconsciente.

Quand je disais que c’est à la louche, vous voyez que c’est vraiment à la louche. De très très grosses louches puisque finalement, tout est subjectif :

  • L’estimation de nous
  • L’estimation des autres
  • Ce qu’on prend comme étant une référence 
  • Ce qu’on imagine devoir être

Lorsqu’on est enfant, il y a 5 grands éléments qui nous servent de référence et impactent ainsi notre évaluation de nous-même : notre réussite scolaire, notre conformité comportementale, notre popularité auprès des autres, nos compétences athlétiques et enfin notre aspect physique.

Pour pouvoir évaluer tout cela, l’enfant construit un soi idéal (tout ce qu’il aimerait être sur ces aspects) et un soi actuel (tout ce qu’il pense être sur ces aspects).

Sauf que, comme nous l’avons vu, tout cela se construit sur des bases subjectives. Que ce soit son soi idéal ou son soi actuel, l’enfant le construit à partir de ce qu’il vit, de ce qu’on lui renvoie et à partir de ce qu’il filtre comme informations…

jeune fille écrivant au tableau "croire en moi"

L’estime de soi est donc à la fois une évaluation personnelle, mais aussi une anticipation et une interprétation de l’évaluation des autres. Quand on est enfant, il s’agit principalement de nos parents, de nos instituteurs, de nos frères et sœurs, de nos amis…

Mais en grandissant, on continue d’anticiper l’évaluation des autres, au point souvent de devenir notre pire critique.

« la personne la plus critique que vous ayez à affronter est celle qui vit dans votre propre tête ». Paul Mc Kenna

Christophe André parle de l’idéalopathie, lorsque notre idéal n’est plus un « je souhaite », mais un « je dois ».

tableau ideal normal et ideal pathologique

Avoir un idéal est normal, mais peut devenir pathologique. Pour développer une bonne estime de soi, il faut ainsi rester dans un idéal « normal ». A l’inverse, les idéalistes pathologiques plongent dans l’insatisfaction constante des perfectionnistes et cela n’est jamais bon pour l’estime de soi.

Nous avons tous des parties de nous-même (physiques, comportementales, émotionnelles) que nous n’aimons pas et que nous cherchons ainsi à cacher. Cependant à force de vouloir gommer ces parties de nous qui ne nous conviennent pas, nous finissons par nous effacer. Nous portons alors des masques pour tenter de nous remodeler et ainsi apparaitre aux yeux de la société tel que nous pensons devoir être. Résultat :

  • soit ça marche plutôt bien, mais on perd en estime de nous, puisque finalement les autres et nous-même n’apprécions qu’une fausse image de nous
  • soit ça ne marche pas, parce qu’on sait bien que tout ce qu’on essaie d’étouffer fini toujours par ressurgir et en général de façon assez brutale. Cette non maitrise de nos masques nous poussent à croire que définitivement on a un soucis, et on perd alors encore un peu plus en estime de soi. 

« nous sommes tous suffisamment intelligents et malins pour simuler le succès pendant un temps ; mais finalement, notre foi en nous-même en sera ébranlée, tout comme la confiance, le respect et l’estime de nous-même » Christophe Andre

Ainsi, chacun de nous possède 3 couches de « moi » :

  • Le moi authentique avec toutes nos forces, nos talents, nos potentiels, mais aussi nos étrangetés, nos paradoxes, nos imperfections
  • Le moi redouté qui regroupe toutes nos étrangetés, nos paradoxes et nos imperfections. Ce moi qu’on ne trouve pas normal et qui génère chez nous de la peur, de la honte et de la culpabilité. On tente donc coûte que coûte de le cacher
  • Le moi prétendu : ce moi que l’on trouve acceptable à nos yeux et que l’on souhaite donc exposer aux yeux des autres, afin que le moi redouté reste bien caché.
3 moi

La question à se poser est : entre ces 3 moi, lequel est votre moi perçu ?

Sur lequel, vous basez-vous pour vous estimez ?

Souvent les personnes qui manquent d’estime d’elles ne connaissent que le moi prétendu (le masque qu’on met en société) et le moi redouté (ces parties de nous que nous n’aimons pas). Ces deux là prennent tellement de place, qu’elles ne savent même plus que derrière les couches de honte, culpabilité et croyances négatives à leur égard, il y a un moi authentique qui est tout aussi bien, voire mieux que le moi prétendu.

Mais si elles découvrent le moi authentique et évaluent désormais leur valeur à partir de ce dernier, leur estime de soi remonte en flèche. 

Travailler sur soi, c’est ça. 

Pourquoi travailler son estime de soi ?

Notre estime de soi peut être basse ou haute, stable ou instable. En fonction de cela, nos réactions peuvent être très variées. (tableau extrait du livre de Christophe André et François Lelord L’estime de soi : s’aimer pour mieux vivre avec les autres)

Réactions type en réponse à un succès Réactions type en réponse à un compliment Réactions type en réponse à un échec Réactions type en réponse à une critique
Estime de soi haute et stable « je suis content, ça me fait plaisir d’y être arrivé » « merci beaucoup » « je n’ai pas réussi cette fois-ci » « ah bon. Et pourquoi me dites vous ça ? »
Estime de soi haute et instable « je vous l’avais bien dit ! Et vous n’avez encore rien vu. Ceux qui n’y croyaient pas ont l’air malin » en réclame encore « qu’est-ce que vous vous y connaissez vous d’abord ? » « Et vous, vous vous êtes regardés ? »
Estime de soi basse et instable « Est-ce que je vais être à la hauteur maintenant ? » « oh vous savez, je n’ai aucun mérite » « J’ai eu des problèmes de préparation. Je n’ai pas été bon » « Vous croyez ? »
Estime de soi basse et stable tombe malade quelques jours plus tard N’écoute pas; demande à la personne d’arrêter « oui je suis nul ! vous ne l’aviez pas encore remarqué ! » « oui, et plus encore que vous ne le dites »

 

A travers ce tableau et ces quelques exemples, on voit bien les conséquences d’une mauvaise estime de soi dans nos relations aux autres.  

Cela impacte aussi la relation avec soi-même. Plus notre estime de soi est fragile, plus on peut être sujet à des maladies, des dépendances ou encore des symptômes dépressifs.

Enfin, une estime de soi fragile peut amener soit à l’immobilisme, soit à la suractivité. 

Dans le premier cas, quelqu’un qui a une estime de soi faible va entreprendre peu de choses car il ne se sent pas capable, pense que ce n’est pas pour lui, a peur de l’échec etc…Et un cercle vicieux se met en place car moins la personne agit, moins elle se sent capable, moins elle a une image positive d’elle, moins elle ose agir… Je rencontre beaucoup de personnes en coaching, qui sont par exemple dans des situations personnelles ou professionnelles non satisfaisantes, mais qui n’arrivent pas à entreprendre quelque chose de façon pérenne pour s’en sortir. Elles se sentent démunies, prises au piège et cela renforce encore leur mesestime d’elles. 

Dans le deuxième cas, la personne va entreprendre beaucoup de choses pour prouver à elle et aux autres sa valeur. Cependant souvent, ces personnes n’arrivent jamais à se satisfaire de ce qu’elles ont pourtant réussie. Alors, elles repartent à la conquête de l’objectif suivant. Et ça ne vient toujours pas combler ce manque. Et si au passage, quelques difficultés voire échecs se produisent, ils occupent alors toutes leurs pensées. Bien plus que les réussites… Il faut donc repartir à l’action pour tenter à nouveau de prouver sa valeur…  En coaching, cela va souvent être des personnes en situation ou risque d’épuisement professionnel, des personnes en perte de sens ou encore des personnes souffrant du syndrome du « bon élève »

Cela vous parle ?

Comment développer son estime de soi ?

Développer son estime de soi signifie donc aller vers une estime de soi haute et stable. Cela permet ainsi de ne plus remettre tout en question de façon exagérée lorsque des circonstances externes viennent nous bousculer.

Précisons cependant que la remise en question et l’humilité restent essentielles pour continuer à progresser. Il ne faut pas confondre haute & stable estime de soi, et suffisance.

Voici en synthèse 9 clés proposées par Christophe André et François Lelord pour développer son estime de soi :

1/  Se connaitre

Nous l’avons vu en évoquant les 3 moi, se connaitre véritablement est fondamental. Cela permet d’aller plus loin que le moi prétendu et le moi redouté.

2/ S’accepter

S’accepter, c’est accepter notre humanitude, avec nos forces et nos limites. Accueillir notre part de fragilité, de vulnérabilité. Accepter nos parfaites imperfections et nos bizareries si normales 😉 Et aussi bien sûr, accueillir pleinement, sans fausse modestie, toutes nos capacités, forces et talents.

3/ Etre honnête avec soi-même

Pour pouvoir totalement se connaitre et s’accepter, il faut savoir déjouer notre égo. Car lui, son rôle, c’est justement de donner à voir le « moi prétendu » le plus acceptable à nos yeux et aux yeux des autres. Il est alors normal que nous réagissions de temps en temps dans ce travail sur nous par la fuite, le déni…

4/ Agir

L’estime de soi ne tombe pas du ciel. C’est un travail. Et ce travail peut être difficile à réaliser seul. Il ne faut alors pas hésiter à solliciter l’aide d’un professionnel. Je sais, c’est une première action qui demande beaucoup de courage. Mais qui permet ensuite d’avancer plus facilement sur le chemin de la connaissance et de l’estime de soi.

5 / Faire taire le critique intérieur

Comme nous l’avons vu, nous sommes souvent notre pire ennemi. Apprenez plutôt à devenir votre meilleur ami, à vous parler avec bienveillance, amour et encouragement, comme vous le faites avec les personnes que vous aimez.

femme qui s'aime
6/ Accepter l’échec

Ce n’est pas parce qu’on n’a pas réussi quelque chose qu’on ne vaut rien. L’échec fait partie de la vie et sans doute que les personnes que vous estimez, en sont là où elles en sont, justement parce qu’elles ont connu des échecs et ont su s’en servir pour apprendre et rebondir.

7/ S’affirmer 

S’estimer, c’est se sentir tout aussi important que les autres. Ni plus, ni moins. Cela vous donne donc tout autant la légitimité de vous exprimer et affirmer votre point de vue et vos besoins. 

8/ Etre empathique 

Plus vous serez proches des autres, mieux vous les comprendrez. Cela vous permettra d’une part de percevoir qu’ils sont bien plus que ce qu’ils ne laissent paraitre. Et que donc, eux aussi, derrière les apparences, peuvent avoir quelques fragilités en terme de confiance, d’image ou d’amour de soi (ce qui peut aussi vous aider à revoir vos idéaux…) Et d’autre part, être empathique, c’est être plus proche des autres, construire des relations plus vraies et intimes. C’est donc être apprécié au delà des masques. Et si les autres vous apprécient ainsi, ça vous aide forcément dans votre appréciation de vous-même.

9/ S’appuyer sur le soutien social

Il ne faut pas hésiter à demander de l’aide, car se sentir soutenu, c’est se sentir aimable (dans le sens « digne d’être aimé »). Passez outre votre pudeur, votre envie de vous montrer fort ou votre peur de déranger. Nous sommes des êtres sociaux. Vous, comme tout le monde, avez besoin de compter sur les autres et c’est normal.

J’espère que vous y voyez maintenant plus clair sur ce qu’est l’estime de soi et de quoi elle se nourrit. Pour finir sur une touche humoristique, je vous propose cet épisode de Et tout le monde s’en fout

Belle estimation de vous-même !

Marion

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