Le sois fort s’est construit sur des phrases du type : « il faut être courageux », « un garçon, ça ne pleure pas » « tout ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort », « les émotions n’ont pas leur place ici »….

On apprécie d’être aux côtés d’un sois fort, car c’est quelqu’un orienté solutions et résultats. Il est très autonome et est capable de faire face à des situations extrêmement stressantes. Un véritable roc, très apprécié dans les entreprises, car il est de nature constante et d’un sang-froid incroyable ; l’adversité ne lui fait pas peur !

Le sois fort a ainsi intégré dans ses croyances, qu’on doit toujours être fort, et que, même si ce n’est pas le cas, il faut faire  »comme si ». La confiance et le respect des autres ne peuvent s’acquérir que si l’on sait faire preuve constamment de cette force personnelle. A ses yeux, le monde est ainsi divisé en deux catégories : les forts et les faibles et il est bien évidement hors de question de faire partie de cette 2ème catégorie. En conséquence, le sois fort ne montre pas ses émotions et essayera toujours de se débrouiller seul. Il nourri alors une relation très forte au verbe « pouvoir » : « quand on veut, on PEUT », « je PEUX me montrer infaillible », « je dois avoir du POUVOIR sur l’autre, sinon c’est l’autre qui aura du POUVOIR sur moi ».

Enfermé dans cette croyance, le sois fort se coupe totalement de ses émotions et de son être profond. Cacher ses vulnérabilités est une obsession pour lui et cela peut l’amener à adopter des comportements qu’il regrette par la suite. D’autant plus lorsqu’il croise le chemin de quelqu’un qu’il estime encore plus fort que lui. Il va alors redoubler d’efforts pour que la comparaison ne puisse pas révéler une quelconque faiblesse chez lui. Chaque rapport humain risque ainsi d’être vu comme une compétition, au sein de laquelle, il y aura un gagnant (le fort) et un perdant (le faible).

Dans son besoin d’être « au dessus » des autres, le sois fort peut, tout à la fois se montrer assez rigide et intolérant envers ceux qui demandent de l’aide et montrent leurs émotions, mais peut aussi se montrer très paternel et laisser peu d’autonomie à l’autre. Dans tous les cas, c’est lui qui doit guider, montrer, corriger et/ou protéger ces faibles qui incontestablement ne seraient pas se débrouiller sans lui. Il rentre donc aisément dans le fameux triangle de Karpman, soit dans un rôle de persécuteur, soit dans un rôle de sauveur, pour, à ses yeux, éviter à tous prix le rôle de victime.

Pendant longtemps, l’archétype du parfait manager était un sois fort. Pour ceux qui ont évolué en entreprise avec cette croyance, il est particulièrement difficile aujourd’hui de s’adapter aux nouvelles attentes : accepter le droit à l’erreur, faire preuve d’intelligence émotionnelle, devenir un manager coach qui se place à côté et non au dessus….

Si vous côtoyez un sois fort, amenez le sur le registre des émotions, tout en lui montrant qu’il n’y a pas de périls à les admettre. Evitez absolument les phrases du type « ne te mets pas dans cet état pour si peu », « je suis content que tu me dises tout cela, mais n’en parles pas à d’autres, car ils s’en serviraient contre toi », « comment as tu pu faire cela?! » … , car cela renforcera sa croyance:  »mes émotions et mes failles ne sont pas normales, je suis faible et je vais me faire « bouffer » par les autres ». (Si vous managez des sois fort, allez plus loin en découvrant cet article)

Si vous êtes un sois fort, votre challenge sera de vous reconnecter à vos besoins et vos émotions, et d’oser en faire part. Vous verrez que ce n’est pas systématiquement un signe de faiblesse dans le regard de l’autre, car tout le monde n’a pas la même vision des rapports humains. Commencez auprès de ceux que vous connaissez et avec lesquels vous êtes en confiance. Ceux qui sauront facilement entendre vos erreurs, vos failles, vos doutes. Car ils savent bien que vous êtes un être humain comme les autres, et que ce n’est pas parce que vous n’en parliez pas jusqu’à présent, que cela n’existait pas en vous. Au contraire, ça les inquiétait que vous gardiez tout cela pour vous. Ils seront fiers de vous et touchés par la preuve de confiance que vous leur donnerez à travers ces premières confessions. C’est en expérimentant cela, dans un cadre sécurisé, que vous pourrez découvrir le bien que ça peut vous faire et que ça ne change pas fondamentalement la relation et l’amour que vous portez aux autres et que les autres vous portent. Vous pourrez même ressentir encore plus d’amour de la part de vos proches. Normal, vous devenez plus humain, plus accessible. Vous intégrerez alors petit à petit 2 nouveaux principes:
-Les émotions ne sont pas une vilaine chose à cacher et ne font pas de nous des « mauviettes »
-On peut entretenir des rapports humains en dehors de toute considération de supériorité ou d’infériorité, et ce, même en dehors de votre sphère privée. Le « co » (collectif, coopération, collaboration) prend alors un nouveau sens.

Il vous faudra encore du temps pour accepter cette nouvelle vision du monde et l’appliquer en dehors de votre espace privé. Mais maintenant que vous avez contacté ce petit cœur qui bat à l’intérieur de vous, vous ne pouvez plus faire, comme s’il n’existait pas. Et puis, même lorsque vous ne serez pas prêt à montrer cette facette de vous dans certaines situations, vous vous rendrez bien compte que, vous avez beau vouloir dominer vos émotions et taire vos failles, cela ressort toujours d’une manière ou d’une autre (peurs et émotions disproportionnées, maux en tout genre…).
Et finalement, tout cela joue contre vous. Car tout ce que vous voulez profondément, ce n’est pas tellement être fort, ou dominer, mais être aimable (digne d’être aimé). Pour en savoir + sur le besoin de reconnaissance, découvrez cet article. Mais comment être aimable pour ce que l’on est, si on se cache aux autres derrière un masque, et si on est toujours dans un rapport de force et de pouvoir ? Cela devient tellement lourd à porter au quotidien…

Il est donc temps pour vous de remettre en cause cette croyance que vous portez depuis longtemps. Acceptez les limites de ceux qui vous ont fait inconsciemment intégrer cette injonction et acceptez également vos propres limites d’y avoir cru et d’avoir essayé.

La seule force nécessaire pour être réellement aimable auprès des autres, c’est d’être comme eux, et d’assumer ses forces et ses faiblesses, de solliciter à la fois la tête et le cœur, et d’oser faire preuve d’authenticité. C’est cela qui nous rend profondément humain et donc aimable.
Et puis, c’est quand même mieux que d’être aimé par ce qu’on fait peur ou parce que les autres ont besoin de nous. 🙂

Pour finir, je l’espère de vous en convaincre, voici un épisode de « qui l’eut cru » qui met à mal le fameux dicton: « quand on veut, on peut »

Marion OUDOT

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