L’un des besoins les plus essentiels de l’être humain est ce que l’Analyse Transactionnelle appelle les strokes. Ce sont des stimulations venant des autres, qui peuvent être positives (compliments, reconnaissances…) ou négatives (coups physiques, coups psychologiques, feedbacks négatifs…). Ce besoin de strokes est tellement important que nous préférons obtenir des strokes négatifs que pas de strokes du tout.

D’après l’Analyse Transactionnelle, nous avons 6 façons de structurer notre temps et notre relation aux autres. Ces 6 options étant plus ou moins génératrices de strokes.

1/ Le retrait

Le retrait est l’absence de transaction (échange avec les autres) et donc de strokes. Nous avons tous besoin de moment de retrait, pour se reposer, réfléchir, se ressourcer. Comme nous avons fondamentalement besoin de strokes, le retrait ne peut pas durer longtemps, sous peine de nous mettre dans une souffrance psychologique importante. L’isolement doit donc être temporaire et choisi. Si ce n’est pas le cas, il devient dangereux pour notre santé (c’est par exemple, ce que l’on peut craindre pour les personnes âgées, isolées, ou encore ceux mis au placard dans leur entreprise…)

2/ Les rituels

-« Bonjour, ça va?
-ça va et toi? »
Voilà l’un des rituels les plus courants. Ils sont une façon de rentrer en contact avec l’autre, plus qu’une vraie volonté d’avoir une réponse à la question. Ces rituels sont peu générateurs de strokes, mais ils sont la clé d’entrée pour basculer ensuite sur d’autres manières de structurer le temps. Ne pas utiliser les rituels, ce serait se montrer très mal poli. Mais se contenter de ce type d’échanges serait très pauvre en strokes pour soi et pour les autres.

3/ Les passe-temps

-« Quelle chaleur la semaine dernière !
-Ah oui, c’est incroyable ! On bat tous les records pour un mois de juin !
-oui, il parait que la dernière fois que c’est arrivé, c’était en…»
Ce type d’échange va un peu plus loin que les simples rituels. Ce peut être des échanges assez longs, mais qui ne vont pas apporter de réelles informations et qui, surtout, n’impliquent pas les interlocuteurs, puisqu’ils ne parlent pas vraiment d’eux. C’est typiquement les conversations où vous branchez le bavardeur automatique. Cependant, ce type d’échange permet de sélectionner les personnes avec lesquelles on pourra avoir des échanges plus impliquant par la suite.

4/ Les activités

Cette forme de structuration du temps est orientée vers la réalisation d’un but commun : préparer le diner, participer à une réunion, organiser les prochaines vacances, travailler ensemble. Les activités sont donc très représentées au travail et sont génératrices de nombreux strokes.

5/ Les jeux psychologiques

Les jeux psychologiques sont une suite de transactions dans lesquelles les protagonistes jouent inconsciemment les rôles de sauveur, victime et/ou persécuteur. Rentrer dans l’un de ces rôles, c’est inviter l’autre à jouer l’un des 2 autres rôles disponibles. 

Triangle dramatique

Même si nous sortons systématiquement perdants de ces « jeux », nous continuons souvent d’y jouer de manière inconsciente, sur la base de scénario comme « j’essaye seulement de vous aider », « cette fois, je te tiens », « regarde ce que tu me fais faire »… Cette vidéo l’illustre parfaitement :

Mais alors, pourquoi jouons-nous comme ça ? Parce que les jeux psychologiques sont fortement générateurs de strokes. Et comme on préfère recevoir des strokes négatifs que pas de strokes du tout, on va préférer jouer avec les autres, même si la relation en ressort souvent perdante.

6/ L’intimité

Ce type d’échange est considéré comme le plus difficile. L’intimité (appelée aussi proximité) donne lieu à des échanges francs, sincères, authentiques et spontanés. Pour beaucoup, ce type d’échange parait dangereux, car c’est oser se montrer tel que l’on est, sans protection, sans masque, avec toute sa vulnérabilité et accueillir l’autre de la même manière.

Une fois que l’on connait ça, il est intéressant de prendre du recul pour savoir comment on fonctionne.

Quels sont vos modes privilégiés de structuration du temps ? Quels sont ceux que vous évitez ? A votre avis, quels sont ceux de vos proches, de vos collègues, de votre manager ?

Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de structurer son temps, mais juste des options qui nous correspondent davantage et d’autres dans lesquelles nous sommes moins à l’aise.

Dans une équipe, vous pouvez ainsi facilement retrouver:

  • La personne qui ne parle que de travail, même lorsque vous êtes en pause déjeuner. Au delà de sa conscience professionnelle, privilégier les activités est sans doute aussi un moyen d’éviter les autres types de structuration du temps : ainsi, pour ces personnes, l’intimité est trop dangereuse et les passe-temps semblent sans intérêt. Cette personne qui parait ainsi focalisée sur son travail, n’aborde finalement sans doute ce sujet que par défaut.
  • La personne très sociable, qui sait toujours lancer des sujets légers et relancer les conversations. C’est quelqu’un de très à l’aise avec les rituels et les passe-temps. Certaines sauront aisément passer à l’intimité avec quelques personnes de leur choix, mais pour d’autres, cela est très difficile. Elles resteront alors dans ces échanges de surface, même si ça ne les comble pas tout à fait, et même si ça interroge les autres, qui se disent qu’elles ne connaissent finalement pas grand chose de sa vie.
  • La personne introvertie qui va avoir besoin de retrait régulier pour se ressourcer. Plus cette personne sera sollicitée en strokes dans sa journée, plus elle aura besoin de temps de retrait. Le travail en open space, les longues réunions ou encore les séminaires peuvent être très sollicitants. Ces personnes auront tendance à garder leur concentration et énergie pour les activités et à prendre des temps de retrait pendant les pauses, alors que ces temps sont pour d’autres, des moments de passe-temps ou d’intimité.
  • Des petits groupes de 2/3 personnes qui se regroupent souvent dès qu’il y a des pauses. Ces personnes ont sans doute créé un niveau d’intimité qui les comblent en strokes. Entre ces temps « vrais » d’échanges pour elles, et les temps  »superficiels » à leurs yeux de passe-temps, il n’y a pas photo. Même si elles peuvent donc paraitre assez hautaines auprès des autres puisqu’elles ne se mélangent pas avec l’ensemble du groupe.
  • Et enfin, des grands joueurs qui inconsciemment vont démarrer des conversations en se mettant dans la peau d’une victime, d’un persécutieur ou d’un sauveur et vont inviter les autres à jouer à leur jeu psychologique. En général, on entre dans ces jeux pour répondre à un fort besoin de strokes. Et à défaut d’aller dans l’intimité, on opte pour la solution génératrice également de beaucoup de strokes.

Se connaitre, c’est respecter son écologie personnelle, comprendre ses besoins et ainsi mieux les satisfaire pour être OK avec soi et alors avec les autres. Comprendre vos besoins de strokes et la manière dont vous les comblez est donc essentiel. Comprendre que les autres puissent avoir d’autres manières de structurer leur temps permet également une meilleure compréhension des différences et des besoins de chacun.

Et vous, comment structurez vous votre temps ? 

Marion OUDOT

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