Nous aurions environ 60 000 pensées par jour. Soit 2500 pensées par heure et 41 par minute. Heureusement, tout ne parvient pas à notre conscience. Sinon nous serions bien incapables de traiter tout ça ! Résultat, plus de 90% de notre activité cérébrale échappe à notre conscience.

Traditionnellement (et notamment depuis un certain Freud…), l’inconscient est vu comme quelque chose d’assez négatif ; un réservoir où se logent nos instincts les plus bas, nos pulsions et autres éléments refoulés. Vous imaginez bien que si plus de 90% de notre activité cérébrale est inconsciente, cette vision freudienne ne peut pas être représentative de ce qu’est notre inconscient. Sinon, nous passerions notre temps à penser, agir et décider de façon totalement déraisonnable, dangereux pour nous et pour les autres. Et c’est bien tout le contraire que fait notre inconscient. Il agit d’abord et avant tout pour notre bien.

  • Il agit pour notre bien puisqu’il gère des tonnes d’informations, d’actions et de décisions sans qu’on n’en ait conscience. Il nous évite ainsi bien des tracas, en nous permettant d’agir rapidement, efficacement et sans trop se fatiguer. En effet, imaginez un instant que notre inconscient décide que ce n’est plus à lui de gérer tout seul notre respiration. Il en a marre d’être aussi peu reconnu dans son travail et se dit que puisque notre conscient est si puissant, il n’a qu’à gérer notre respiration ! Je ne vous raconte pas l’augmentation instantanée de notre charge mentale et la saturation qui nous pend au nez…Si nous devons porter notre conscience là-dessus, croyez-moi que notre conscience devra lâcher d’autres choses car elle a ses limites….
  • Notre inconscient agit donc pour notre bien puisqu’il assure notre survie. En gérant donc notre respiration, mais aussi toutes les autres fonctions de notre corps et de notre système immunitaire. Nous n’avons pas conscience de tout cela. Sans que nous ayons besoin de réfléchir, ce qui doit être fait pour notre corps et notre survie, est fait. Merci Inconscient !
  • Notre inconscient est aussi un puissant opérateur de tri. Il trie ce qu’il peut gérer seul et ce qu’il amène à notre conscience. Il trie nos souvenirs. Il trie nos apprentissages etc…
  • Notre inconscient communique à notre conscience les informations utiles. Il va rassembler tout ce qu’il a trié et qui peut nous servir lorsque nous nous trouvons face à une situation qu’il ne peut gérer tout seul. Il va aussi nous envoyer des messages par nos rêves, nos émotions ou encore pas certains maux/mots. Même si nous avons tendance à les minimiser et mettre ces informations sous le tapis, ce n’est jamais par hasard qu’il décide que ces informations-là doivent nous arriver. Puisqu’il ne le fait pas avec tant d’autres. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’on peut avoir des rêves répétitifs, des émotions envahissantes ou des maux de plus en plus handicapants. Tant que vous ne prenez pas le message à bras le corps, votre inconscient continue de vous l’envoyer. Au départ subtilement et ensuite de plus en plus directement et fortement.

Bref, vous le comprenez, notre inconscient est donc bien plus puissant et positif que ce qu’on peut habituellement croire. En fait c’est un véritable génie intérieur. Un génie tellement puissant qu’il n’est même pas nécessaire de frotter une lampe magique pour qu’il agisse pour nous. Il enregistre de façon autonome des programmes qu’il estime être nécessaire pour notre bon fonctionnement, en prenant en compte nos expériences passées et de nos besoins.

Les deux vitesses de la pensée

Daniel Kahneman a mis en lumière 2 vitesses de pensées, 2 modes de fonctionnement de notre cerveau.

Le premier, appelé système 1, est un mode automatique et intuitif. Les mécanismes échappent à notre conscience. Ce système 1 nous permet notamment d’agir dans notre quotidien. Un stimulus connu appelle une même réponse. Notre système 1 se base donc sur notre instinct de survie et sur nos apprentissages passés. C’est par exemple votre système 1 qui vous permet de rentrer à la maison le soir, en « pilotage automatique », donc sans mettre de la conscience et de l’effort à réfléchir au chemin que vous devez prendre.

Le grand avantage de ce système est qu’il nous permet d’être rapide et de faire des économies d’énergie. En effet, notre cerveau est extrêmement énergivore. Il pèse environ 2% de notre poids, mais il consomme 20% de notre énergie. Le système 1 est un mode de pilotage automatique, qui évite de trop consommer.

Le problème, c’est que ce système est soumis au poids des habitudes, de nos émotions et de biais cognitifs.

C’est par exemple, ce qui se passe lorsqu’exceptionnellement vous devez faire un détour en rentrant du boulot pour faire une course, et que, pris dans l’habitude de votre trajet quotidien, vous oubliez de tourner au feu, et prenez votre route habituelle…

C’est à ce moment là où le système 2 peut entrer en action.

Le système 2, c’est un mode adaptatif, analytique et conscient. Lorsqu’on sollicite son système 2, on réalise ce qu’on appelle une bascule préfrontale. On va donc solliciter notre pensée analytique, logique, on va se servir consciemment d’informations stockées dans notre mémoire etc… Ce mode de réflexion est plus poussé, mais donc plus lent et plus énergivore. On l’utilise donc lorsque nous nous trouvons face à une situation nouvelle, complexe et/ou dans un contexte d’apprentissage.  

Système 1 (=mode intuitif) Système 2 (=mode analytique)

Ancestral, par défaut

Inconscient

Automatique

Rapide

Economique en énergie et attention

Association d’idées

Sensible aux biais

Spontané

Récent dans l’évolution

Conscient

Effort attentionnel volontaire

Lent

Couteux en énergie et attention

Raisonnement par étapes

Moins sensibles aux biais

Auto-évaluation

Voilà pourquoi la plupart de nos décisions sont inconscientes et résultent du poids de nos habitudes. Encore une fois, au départ, il s’agit d’une intention positive de notre inconscient. Cependant, on peut avoir envie de changer d’habitude. On peut avoir grandi et donc ne plus vouloir se comporter comme avant…. Dans ce cas, il faut accompagner notre inconscient à changer ses automatismes, ses programmes, tous ces raccourcis qu’il a créés pour nous faire gagner du temps et de l’énergie. Et pour cela, il est préférable de faire alliance avec son inconscient, plutôt que de l’ignorer et ne s’adresser qu’à son conscient…

Faire alliance avec son inconscient

Comme nous avons tendance à nous croire particulièrement rationnels, objectifs et conscients de chacun de nos actes, nous privilégions envers les autres et envers nous même une communication consciente et rationnelle. On privilégie donc une communication basée sur le système 2 alors que nous agissons majoritairement via notre système 1. Résultat… et bien peu de résultats… Ce sont ces habitudes que nous ne parvenons pas à changer. Ces choses qui semblent être plus fortes que nous. On comprend les choses intellectuellement, mais on ne parvient pas à les intégrer. Je suis sûre que ça vous parle 😉

En gros, c’est comme ci, pour demander de changer d’itinéraire en voiture, je m’adressais à la personne assise sur la banquette arrière, au lieu de m’adresser directement à celle qui est au volant. Alors, dès fois ça peut marcher car les 2 communiquent, s’écoutent et tombent d’accord. Mais dès fois, ça prend du temps. Et d’autres fois, ils n’arrivent pas à communiquer de façon constructive et à coopérer. Ça donne alors une conduite saccadée. Vous savez, ce sont toutes les fois où vous arrivez à changer votre habitude et au bout de quelques jours, vous recraquez.

Par exemple, dès que je rentre à la maison le soir après le travail, je dévore une tablette de chocolats. Mon inconscient a enregistré un automatisme : arrivée à la maison après le travail (stimulus), déclenche une irrépressible envie de chocolat (réponse).

Voilà un programme de mon inconscient. Ma conscience, elle, n’est pas du tout d’accord. Ce n’est pas bon pour ma santé, pour ma ligne et en plus, je n’ai plus faim quand vient l’heure du diner.

Alors, je prends de bonnes résolutions avec mon système 2. Je résiste quelques jours. Et un soir en rentrant, je recraque…

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, dans ce cas, comme dans tant d’autres, mon inconscient n’agit pas de façon négative. En fait, il répond à une intention positive. Une intention importante à prendre en compte car elle a du sens pour moi. Ça répond, au départ, à un besoin. Pour rester sur mon exemple de la plaquette de chocolat, peut-être que cela répond à un besoin de prendre un temps pour moi. Ou un besoin de me récompenser. Ou encore un besoin de trouver du réconfort ou de l’énergie après cette journée de travail. Quel qu’en soit la raison, mon inconscient n’a pas mis en place ce programme par hasard. Faire alliance avec lui, c’est considérer cette intention positive et le solliciter pour continuer à y répondre mais différemment, sans les inconvénient d’engloutir toute la tablette de chocolat. Peut être en allant prendre une douche en rentrant, ou aller faire du sport, ou déguster uniquement 2 carrés de chocolats.

Et des programmes comme cela, nous en avons des tas.

Par exemple :

  • Dès que je passe un entretien de recrutement (stimulus), je perds tous mes moyens (réponses)
  • J’ai un rdv avec mon chef. Nous avons des relations difficiles depuis quelque temps. J’ai beau me raisonner pour faire en sorte que cet échange soit constructif, dès que je le vois (stimulus), je sens la colère montée (réponse)
  • Je suis dans une soirée avec des amis. Dès que nous prenons l’air (stimulus), j’allume machinalement une cigarette (réponse)
  • Je suis fatiguée et je vais donc me mettre au lit (stimulus), mais une fois que je suis dans mon lit, je pense à des tonnes de choses et je n’arrive pas à trouver le sommeil (réponse)

Ainsi, des programmes, plus ou moins aidants se mettent en place. C’est la fameuse expérience de Pavlov

Nous sommes tous comme ces chiens conditionnés à agir d’une certaine façon dès qu’on reconnait un stimulus.

Le problème, ce n’est pas nous. C’est souvent la façon dont nous essayons de nous raisonner sur quelque chose qui échappe à notre raison.

Le chemin le plus court est alors de faire alliance avec son inconscient, communiquer avec lui et ainsi changer de programme 

Communiquer avec son inconscient

Les contes, les histoires existent depuis la nuit des temps. Leur force est de parler à la fois à notre conscience, et aussi à notre inconscient grâce à l’imaginaire que ces histoires suscitent, aux messages cachés dont elles regorgent et aux morales qui les concluent.

Les métaphores sont donc un moyen de s’adresser à notre inconscient et notre inconscient utilise aussi ce moyen pour nous envoyer des messages. Pensez à vos rêves. Mais aussi aux expressions imagées que vous pouvez utiliser lorsque vous vous exprimez. Pensez aussi aux dessins des enfants lorsqu’ils se laissent aller à leur imagination. Ou encore à l’exercice de l’écriture automatique. Tous ces moyens sont des canaux de communication avec notre inconscient. A chaque fois, on trouve 2 niveaux de lecture : un pour le conscient dans lequel on essaie de faire rentrer une logique, une histoire, un scénario plausible. Et un pour l’inconscient avec des symboles et des contenus latents…

L’hypnose ericksonienne utilise abondamment ce langage de la métaphore pour travailler de pair avec l’inconscient. Vous pouvez aussi tester les applications de méditation guidée qui vous emmène souvent dans des univers imaginaires et métaphoriques. Elles vous permettront de rentrer dans un léger état de transe et viendront solliciter votre inconscient pour qu’il travaille encore mieux à votre épanouissement et votre bien-être.

Précisons enfin que ce qui est vrai pour vous, l’est aussi, dans ce cas, pour les autres. Donc si vous voyez quelqu’un avec un « programme » qui lui pose problème, et que vous voulez l’aider, vous aurez plus de chance d’y parvenir en s’adresser à son système 1 qu’à son système 2. Encore une fois, parlez directement à celui qui tient le volant, plutôt qu’au passager (en marketing ou en management, c’est ce qu’on appelle le nudge).

Par exemple, un enfant qui a peur. Spontanément, on a envie de lui demander de quoi il a peur, et pourquoi. Et puis de le rassurer en lui disant qu’il n’y a pas de raison d’avoir peur. Bref, on agit en système 2 face à un enfant qui réagit en système 1.

En restant en système 1, on peut lui demander quel animal serait sa peur si elle pouvait se matérialiser ainsi. Demandons lui où se trouve cet animal, à quoi il ressemble, ce qu’il fait. Demandons lui ce qu’il fait ensuite ; Et s’il s’en va, comment il s’en va etc…. Et vous verrez que par cette métaphore, l’animal finira par quitter la pièce et aussi le ressenti de l’enfant…

Bref, très efficace. Et pourtant me direz-vous, on ne sait pas très bien de quoi cet enfant avait peur et pourquoi. Certes, mais ce qui compte, c’est que cet enfant se soit senti écouté et que sa peur soit partie….

En conclusion : quelques présupposés sur notre inconscient

La PNL (programmation neurolinguistique) et l’hypnose partent ainsi du principe que :

  • Tout comportement a une intention positive
  • Notre inconscient est un réservoir de ressources
  • Chacun possède toutes les ressources nécessaires pour effectuer les changements qu’il désire
  • La transe est un phénomène naturel, qui permet d’atteindre l’inconscient, réaliser des apprentissages et faciliter le changement

« si vous pouvez apprendre à créer quelque chose d’aussi sophistiqué qu’une phobie, une peur ou une compulsion, vous pouvez apprendre à employer la même capacité pour faire les choses différemment dans les mêmes situations » Milton Erickson

Vous l’aurez compris : intellectualisé, décortiqué, comprendre l’origine de nos comportements ou croyances ne nous aident pas toujours. Mettre de la conscience sur tout est impossible et surtout n’est pas toujours efficace.

Notre génie intérieur, notre inconscient, agit hors de notre champ de conscience, mais pas de façon inconsidérée et irraisonnable pour nous. L’inconscient n’est pas déraisonnable…Faisons-lui donc davantage confiance. Parlons son langage. Ecoutons-le. Et demandons-lui de changer de programme si les nôtres ne nous conviennent plus. Il y a certes, pour notre conscience, quelque chose d’invraisemblable, de magique ou même de fou. Mais l’important est-il de tout comprendre ou d’obtenir les changements que l’on désire ?  

Belle rencontre avec votre génie intérieur

Marion

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