Je m’appelle Anissa, j’ai 10ans et je suis perfectionniste.
Enfin… c’est mes parents qui disent ça.
Moi, je ne comprends pas trop parce que, vous verriez l’état de ma chambre… Tout le monde se plaint toujours que c’est le bazar. Vous croyez vraiment qu’une perfectionniste pourrait avoir une chambre aussi peu rangée ? Par contre, celle de ma sœur… C’est plutôt elle qui devrait être ici. Une vraie maniaque ! Et puis, si j’étais vraiment perfectionniste, je ferai tout parfaitement. Mais c’est loin d’être le cas…
Bon, c’est vrai, j’ai tendance à me mettre beaucoup de pression. Quand je dois faire quelque chose, j’ai souvent peur de ne pas réussir. C’est le cas à l’école, mais aussi quand je fais du sport, de la musique, ou même quand on fait des jeux de société. Dès que je sais que je suis regardée, évaluée, comparée, je me mets à stresser. Dès fois, je suis tellement stressée que j’ai très mal au ventre. Souvent je n’arrive pas trop à dormir.
Et puis je m’énerve facilement. Après mes frères et sœurs. Après les autres qui n’écoutent pas en classe et font n’importe quoi. Après ceux qui se la pètent parce qu’ils se croient les meilleurs. Après mes parents qui me disent que je vais y arriver et qu’il n’y a pas de raison de stresser…. Mais, surtout, en vrai, après moi, parce que je me trouve nulle. Je sais, moi, que je ne n’y arriverai pas ou que je vais encore comprendre de travers. Alors mes parents m’ont inscrite à cette réunion… Une réunion pour les perfectionnistes non anonymes. Thomas, l’animateur, nous a expliqué que la réunion s’appelait comme ça, parce que, d’une part, c’est impossible de le cacher quand on est perfectionniste, et puis d’autre part, souvent, les perfectionnistes sont plutôt fiers de l’être, même s’il y a quelques inconvénients non négligeables et qui nous amènent justement à être ici.
Mais je suis la seule enfant. C’est bizarre d’être au milieu de ces adultes. On me dit souvent que je suis une petite fille futée. Je ne suis pas sûre que ce soit vrai, mais en tous cas, j’aime bien observer et écouter les adultes. On apprend plein de choses comme ça.
« On me reproche d’être perfectionniste mais dès que je ne fais pas les choses parfaitement, on me le reproche »
Par exemple, à côté de moi, il y a Vincent. Il est très gentil. Il m’a beaucoup encouragé tout à l’heure quand j’ai dû prendre la parole pour me présenter. J’avais peur de ne pas être claire, de dire des bêtises, qu’on se moque de moi. Il m’a dit de ne pas avoir peur. Que même si, au pire, je disais des bêtises ou que je n’étais pas claire, ce n’était pas si grave que ça au fond. Et c’est vrai. Ces personnes, je ne les reverrai sans doute pas. Et puis, eux aussi n’ont pas toujours été très clairs et ce n’est pas ça que je retiens. Mais c’est marrant car ce conseil que Vincent m’a donné, il ne se l’applique pas à lui-même. J’ai remarqué que c’est souvent comme ça avec les adultes.
Vincent nous a raconté à quel point le regard de l’autre le stressait. Il se sent toujours jugé et jamais à la hauteur. Comme moi, quoi…
Sauf que moi, si je me trompe, il me dit que ce n’est pas grave et qu’au pire j’apprendrais, alors que lui, s’il se trompe, on lui reprochera ! Du coup, il a tendance à procrastiner…
J’ai osé lui dire ça (j’étais trop fière de moi) et tout le monde m’a regardé, genre « tu n’es qu’une enfant. Tu ne te rends pas compte à quel point on nous attend sur tout lorsqu’on est adulte : on doit être un bon père, un bon mari, un bon patron, un bon salarié, un bon citoyen etc… ». Mais c’est eux qui ne se rendent pas compte, ou alors, ils ont oublié ; Quand tu es adulte, tu es libre, non ? Moi, si je n’ai pas une bonne note, j’ai mes parents et mes instituteurs qui me tombent dessus. Sans parler de mes frères et sœurs, de mes grands parents… Tout le monde sait tout ce que je fais et dès que je n’ai pas réussi quelque chose, on n’arrête pas d’en parler. Et à chaque fois, il est question de mon avenir, de réussir dans la vie…Tout ça pour un devoir en math où j’ai fait des fautes d’étourderies. En fait, je me sens comme Vincent : on me reproche d’être perfectionniste mais dès que je ne fais pas les choses parfaitement, on me le reproche. Alors, dans tous les cas, j’ai tort…
Marine a dit ça, elle aussi. L’impression de ne pas avoir le droit à l’erreur. C’est difficile parce que d’un côté on nous dit que c’est en faisant des erreurs qu’on apprend, mais en même temps, je vois bien que ma maitresse ou mes parents, ils ne sont pas contents quand je fais des erreurs. Thomas, l’animateur de la réunion n’a pas arrêté de dire : « si l’on n’apprend pas à échouer, on échoue à apprendre ».
Moi, je veux bien, mais faudrait peut-être avant que les autres apprennent à accepter qu’on échoue pour apprendre…. Il m’a dit que c’était vrai, mais qu’avant tout, il fallait aussi que moi j’accepte de ne pas tout réussir du premier coup. C’est pas faux… En fait, j’ai tendance à me comparer aux meilleurs. Du coup, je ne me trouve jamais au niveau. Mais peut-être que les meilleurs ne sont pas devenus les meilleurs du premier coup et que, eux aussi, avant, ils ont fait des erreurs, des choses moyennes, voire des trucs nuls…
Ce qui nous touche et nous rapproche des autres, ce n’est pas leur perfection, mais leur vulnérabilité
David, un autre participant, a essayé de m’expliquer que l’amour de mes parents était inconditionnel. En gros, ça voudrait dire qu’ils m’aiment quoi que je fasse. Mais moi, je vois bien qu’il y a des jours où ils sont fâchés après moi et que parmi mes frères et sœurs, ils préfèrent toujours celui ou celle qui fait tout bien. David me dit que ce n’est pas vrai. Que les parents peuvent être fachés, de bonne ou de mauvaise humeur quand on fait quelque chose, mais que ça ne change pas l’amour qu’ils ont pour nous. Mouai… je ne suis pas convaincue. Moi je suis sûre qu’ils préfèrent ma sœur. Elle fait toujours tout bien. Madame parfaite ! Qu’est-ce qu’elle m’énerve ! En disant ça à haute voix, je me suis rendue compte qu’en fait, c’était sa perfection que je n’aimais pas. Peut-être que je suis jalouse. Mais en tous cas, ça veut dire bien qu’amour et perfection ne vont pas forcément ensemble…
Notre animateur nous a expliqué qu’on a tendance à vouloir montrer une image parfaite pour que les autres nous aiment (si tu veux en savoir plus, tu peux lire cet article sur le Driver sois parfait). Mais paradoxalement, nous aimons les autres quand ils nous montrent leurs vrais visages, leurs imperfections, leurs défauts. Il a conseillé le livre « le pouvoir de la vulnérabilité » de Brené Brown. Je suis trop petite pour lire ce type de livre, mais c’est vrai que lors de cette réunion, ce que j’ai aimé, ce n’est pas quand les adultes disaient tout ce qu’ils faisaient de bien, ou quand ils me donnaient des conseils. Mais plutôt quand ils expliquaient leurs difficultés. Il y avait dès fois beaucoup d’émotions. Ça m’a touché . On est loin d’une image parfaite et c’est ça que j’ai aimé en fait chez eux. Je me sentais plus proche d’eux. Et puis, j’avais l’impression d’être moins anormale puisqu’on vit un peu les mêmes choses.
« Ne craignez pas d’atteindre la perfection, vous n’y arriverez jamais » Salvador Dali
Il y a juste eu avec David que j’ai moins accroché. David, il me fait penser à tous ces adultes qui justement me mettent la pression. Ce n’est jamais assez. D’ailleurs, il est là parce que ses salariés ne lui ont pas laissé le choix. Ils en ont marre de l’avoir toujours sur le dos et qu’il soit toujours en train de tout contrôler et pointer ce qui ne va pas. C’est à cause de personnes comme lui qu’on n’a pas le choix d’être perfectionnistes ! Mais même en faisant tout bien, je suis sûre que ça ne lui conviendra jamais.
Papa et maman font ça dès fois. L’un veut aider l’autre, mais quand il fait, alors que moi, je trouve que c’est très bien, l’autre va faire plein de réflexions sur ce qui ne va pas, ou tout changer dès qu’on a le dos tourné. C’est vrai que c’est énervant ! Autant ne rien faire ! Mais après, on nous reproche de ne pas aider, de se la couler douce…. Je crois que c’est un peu ça qui arrive à David dans son travail.
Le perfectionnisme n’est pas la clé de l’excellence et du succès
Thomas, notre animateur, a expliqué à David qu’il confondait perfectionnisme et excellence. Il dit que le premier est un « mouvement défensif » (on fait ça par crainte d’être jugé, d’avoir honte…). On est guidé par l’approbation de l’autre. Et c’est vrai, c’est tout ce qu’on a raconté avant. Alors que l’excellence, c’est par rapport à soi, on cherche à faire de son mieux. Quand on est perfectionniste, on cherche à prouver quelque chose aux autres, alors que quand on cherche l’excellence, on fait de son mieux et ça nous suffit. David lui, il dit qu’il cherche l’excellence et qu’il s’en fout du regard des autres. Mais s’il est là, ce n’est sans doute pas tout à fait vrai. D’ailleurs à ce moment-là, David s’est un peu fâché. Il a dit qu’il en avait marre, qu’il bossait comme un dingue mais que ce n’était jamais suffisant. Que les autres trouvaient toujours quelque chose à redire. Bizarre parce que c’est exactement ce que lui reprochent ses employés… C’est en ça apparemment que le perfectionnisme est un mouvement défensif. Résultat, David contrôle le travail de ses salariés pour être sûr que tout est parfait. Plus David fait ça et plus il se rend compte qu’il y a des choses qui ne vont pas. Plus il se rend compte que des choses ne vont pas, plus il contrôle. Plus il contrôle, plus il démotive ses salariés. Plus il démotive ses salariés, moins ces derniers mettent du cœur à l’ouvrage et plus David découvre des choses qui ne vont pas. Et donc plus David cherche à contrôler, plus il sent qu’il perd le contrôle… Quand Thomas a résumé les choses comme ça, il y a eu un gros silence. Je crois qu’on s’est un peu tous reconnu dans cette situation. Thomas nous a dit qu’on courrait après 2 choses qui n’existaient pas : la perfection et le fait de pouvoir tout contrôler. On arrive forcément à un moment à nos limites de ce qu’on peut faire parfaitement et de ce qu’on peut totalement contrôler. Il nous a alors conseillé de contrôler mieux, plutôt que de contrôler plus, sinon, on va finir par s’épuiser…
Lui, il dit qu’il a travaillé là-dessus. Il a appris à accepter sa condition humaine, comme il dit, et donc ses limites. Il apprend à être plus bienveillant envers lui-même. Il apprend aussi la gratitude. C’est-à-dire qu’il essaie de voir et profiter des petites satisfactions et victoires quotidiennes, des bons moments…Par exemple, il dit qu’il aime dessiner. Avant il était tellement insatisfait de ce qu’il faisait, qu’en fait, il ne passait pas particulièrement un bon moment.
Maintenant, il arrive à profiter de ce temps pour lui, du plaisir de choisir ce qu’il veut dessiner, avec quels crayons, sur quels types de support, choisir sa musique d’ambiance etc… et apparemment en focalisant sur tous ces plaisirs-là, il arrive à prendre plus de recul sur le résultat final ; Il nous dit qu’au lieu de toujours chercher plus, il faut profiter de tout ce qu’il y a de bon et bien, ici et maintenant.
Toujours plus pour quoi ?
C’est vrai que moi, j’ai du mal à profiter du moment. Je suis souvent déjà en train de penser à quelque chose qui va arriver et qui me stresse, ou à repenser à quelque chose que je n’ai pas réussi et qui me contrarie. Les moments où j’arrive à ne plus penser à tout ça, c’est quand je suis avec mes copines, quand on joue. Mais ça ne marche pas toujours. En fait, je suis stressée avant de faire quelque chose parce que j’ai peur de louper. Si je n’y arrive pas, je suis triste et en colère. Et si j’y arrive, j’en profite même pas, parce que je culpabilise de m’être mise dans tous ces états pour rien et en plus, je me dis que la prochaine fois que je vais refaire cela, il va falloir que je fasse aussi bien voire encore mieux et donc je commence déjà à m’inquiéter…
On est tous guidés par l’envie de faire toujours mieux, de progresser constamment. Et ça me parait plutôt bien. Comme dirait David : « On ne va pas se contenter de la médiocrité quand même ». Mais une fois qu’on n’est plus au stade de la médiocrité, est-ce que ça vaut le coup de vouloir encore viser plus haut, et encore plus haut ? Parce que, a priori, c’est ça qui nous stresse et stresse notre entourage. Et résultat personne n’est heureux.
C’est le cas par exemple de Julie. Elle est mariée, a une petite fille de 2ans, a un super poste dans une grosse entreprise et va évoluer à un poste encore mieux. Et puis, elle dégage un truc incroyable ! Elle m’a beaucoup impressionnée au départ. Et pourtant, à un moment, on a senti qu’elle faisait tomber le masque. Elle nous a raconté son quotidien : que du stress, de la frustration, de la culpabilité… La pauvre…Il parait qu’elle souffre de ce qu’on appelle le syndrome de l’imposteur…
Quand la réunion a commencé et que j’observais tous ces adultes, je me disais que plus tard, c’était comme Julie que je voudrais être, mais là maintenant, ce n’est plus vraiment le cas…
Notre animateur nous a alors raconté cette histoire :
Un puissant roi entreprit une expédition pour conquérir des terres étrangères. Son sage conseiller lui demanda :
– Grand roi, dans quel but partez-vous ?
– Pour devenir Maître de l’Asie, répondit le roi
– Oui, mais encore ?! demanda le conseiller
– Je vais envahir l’Arabie, déclare le roi
– Et après cela ?
– Je vais conquérir l’Europe et l’Afrique, et enfin, quand le monde entier sera sous mon égide, je me reposerai et vivrai comme le roi que je suis. »
À cela, le sage conseiller rétorqua :
– « Mais qu’est-ce qui vous empêche de vous reposer et de vivre à votre aise ici et maintenant, si c’est tout ce que vous désirez ? Vous pouvez très bien le faire et profiter de la vie !
Thomas nous a dit que les perfectionnistes avaient du mal à voir ce qu’ils avaient déjà. Qu’ils étaient tout le temps focalisés sur un objectif et puis un autre, mais que souvent, ils ne savouraient pas les réussites et le chemin parcouru. Et que du coup, c’était comme une fuite en avant. Il nous a dit que le perfectionnisme engendrait souvent des tendances dépressives. Au début, j’ai trouvé ça exagéré. Mais c’est vrai que quand je regarde autour de moi, et si je suis honnête avec moi-même, nos comportements sont loin de nous rendre hyper heureux: on se critique de façon excessive, parfois même violente, on est hyper stressé, on imagine toujours le pire et quand il n’arrive pas, on ne profite même pas de ce qu’on a réussit, on s’obstine souvent sur des choses qui finalement ne sont que des détails, on se dispute souvent avec les autres qui eux, nous disent justement que ce n’est que du détail etc… Et tout ça, c’est très fatigant ! Sans compter que ça m’empêche de dormir et que j’ai tout le temps mal au ventre.
Mais alors, si on n’est tous d’accord que ça ne nous rend pas bien, pourquoi on continue ?
« si les gens ont tant de mal à modifier leur comportement, quels que soient leurs efforts apparents dans ce sens, c’est parce que, en réalité, ils l’apprécient – mais sous un autre nom. » Ellen Langer
Malgré tout ces points négatifs, c’est quand même bien vu d’être perfectionniste. Quand on dit qu’on est perfectionniste, les autres se disent qu’on va faire du bon travail, qu’on sera très impliqué… Et c’est vrai. On oublie juste le revers de la médaille. Il parait que c’est le « faux défaut » qu’il faut donner en entretien de recrutement parce que, en vrai, les recruteurs, ils aiment bien les perfectionnistes.
Thomas nous a dit que c’était parce qu’on avait tendance à voir les choses en noir ou blanc. Soit on est perfectionniste, soit on laxiste. Soit on perfectionniste, soit on est un j’men foutiste. Soit c’est réussi, soit c’est un échec. Soit on a le goût du challenge, soit on se contente de la médiocrité etc… Il nous a conseillé de mettre de la nuance dans tout ça. Par exemple, lorsqu’on doit faire quelque chose, il nous a conseillé d’évaluer avant ce qui ferait que ce serait 100% une réussite et à l’opposé 100% un échec. Une fois qu’on a réalisé la tâche, on revient sur ce continuum et on évalue de façon plus objective et nuancée notre travail.
Il nous a dit aussi ne pas confondre ce que nous faisions et ce que nous sommes. Je n’ai pas tout compris. Mais en gros, je crois qu’il voulait dire que même si je suis nulle en anglais, je me débrouille pas trop mal en français ou en histoire et que donc dans l’absolu, je ne suis pas nulle. Il m’a dit que c’était comme pour mon perfectionniste. J’ai des comportements perfectionnistes à l’école par exemple, mais pas en ce qui concerne le rangement de ma chambre. Donc je ne suis pas perfectionniste. J’ai des comportements de perfectionnistes dans certains domaines. Oh là là, c’est compliqué. Il m’a expliqué aussi que, même si mes parents pensaient bien faire en disant cela, quand ils me disaient par exemple que je suis intelligente, et bien ça me mettait la pression pour toutes les fois où je pourrais avoir des comportements pas très intelligents. Et c’est vrai que des fois, je fais des trucs bizarres, je ne sais même pas pourquoi j’ai fait ça, et j’ai honte. J’ai peur qu’ils se rendent compte que je ne suis pas intelligente en réalité. Il nous a dit qu’on avait tendance à se mettre plein d’étiquettes comme ça. Des étiquettes positives mais aussi négatives. Sauf qu’on est toujours un peu de tout; un truc et son contraire. Je suis perfectionniste et je ne suis pas perfectionniste (tout dépend du contexte). Je suis intelligente et je ne suis dès fois pas intelligente. Je suis gentille mais dès fois je ne suis pas gentille etc… (si tu veux en savoir plus, tu peux lire cet article mieux vaut être complet que parfait) .
Une étiquette, ça a tendance à fixer des comportements. On va alors les rigidifier (en adoptant le perfectionnisme par exemple) pour coller à notre étiquette et on va avoir honte quand on va agir différemment (et c’est vrai que j’ai honte quand je ne fais pas les choses parfaitement ou quand je réagis bêtement). Alors qu’en réalité, c’est normal de ne pas faire tout bien ou de dire des bêtises ; ça arrive à tout le monde, même aux meilleurs et même aux plus intelligents.
Renoncer à la perfection, c’est prendre le risque d’être rejeté
C’est dur aussi d’arrêter d’être perfectionniste parce qu’on a peur de ce que les autres vont dire si ce n’est pas parfait. Thomas nous a dit d’essayer de faire de notre mieux, plutôt que de vouloir faire parfaitement. Et c’est vrai que, à la natation par exemple, quand je sais que j’ai fait de mon mieux, même si je ne suis pas la première, ou que j’ai fait des erreurs, ce n’est pas trop grave. Je suis déçue, c’est sûre. Mais ça arrive, non ? Et puis, quand je fais de mon mieux, mes parents ou mon prof de natation, ils le voient. Les reproches c’est vrai que c’est surtout quand je ne me donne pas à 100%. Je crois que je fais ça justement quand j’ai peur qu’en étant même à 100%, je sois trop nulle… Et c’est dans ces moments là qu’on me reproche des choses. Je ressens un gros soulagement en comprenant cela : en fait, on ne me fait pas de reproches lorsque que je ne fais pas les choses parfaitement, mais lorsque je n’ai pas fait de mon mieux.
Pour renoncer à la perfection, il faut déjà reconnaitre qu’on cherche l’impossible
Il y a plein de fois où je ne vois pas que je suis perfectionniste. C’est normal pour moi. Je ne vois pas d’autres façons de faire. Thomas nous a dit d’essayer de distinguer le niveau de conformité (je fais tout juste ce qu’on me demande), le niveau d’excellence (je vais un peu plus loin, je fais de mon mieux) et le niveau de surqualité (je tombe dans le perfectionnisme). A priori, le niveau d’excellence suffit. Le niveau de surqualité, lui, ne va pas apporter beaucoup plus (les adultes parlent du 20/80) ; il va surtout apporter des problèmes : fatigue, stress, conflits…
Du coup, Thomas nous a parlé d’optimalisme. C’est la version positive et réaliste de nos comportements perfectionnistes.
S’inoculer chaque jour, le vaccin contre le perfectionnisme
Il faudrait donc passer du perfectionnisme à l’optimalisme. Plus facile à dire qu’à faire… Mais j’ai noté quelques idées ressorties pendant la réunion :
- Accepter l’échec (ou ce qu’on considère comme tel)
- Accepter de réussir (c’est encore plus dur, je crois)
- Mettre de la nuance / Sortir d’une vision binaire des choses
- Identifier les moments où on bascule dans la surqualité
- Oser se lancer même si on sait qu’on pourrait rencontrer des difficultés (parce que c’est comme ça qu’on apprend)
- Se concentrer sur l’action et faire de son mieux
- Profiter de ce que l’on a déjà
- Accepter la réalité (même les super héros avec des super pouvoir ne font pas tout parfaitement)
- Organiser des concours d’imperfection (ça j’adore, je vais le proposer à la maison 😉)
- Pratiquer l’autodérision (parce que dès fois, vaut mieux en rire de tout ça)
Enfin, il nous a donné cet exercice. On doit compléter chacune de ces phrases de 6 façons différentes.
Je ne vous les partagerai pas toutes, parce que ce serait trop long et puis trop personnel, mais par exemple :
Si je deviens 5% moins perfectionniste alors :
- Je stresserai moins
- Je serai plus joyeuse
- J’aurai encore des bonnes notes à l’école
- Papa et maman seront peut-être déçus mais je sais qu’ils m’aimeront quand même
- Papa et maman seront peut-être plus rassurés parce que j’irai mieux
- Je m’en fouterai du regard des autres, parce que, moi, je sais que j’aurai fait de mon mieux 😉
Si l’accepte l’échec :
- Je ne me rends plus malade pour rien
- Je n’ai plus honte
- J’ai bizarrement plus confiance en moi
- Je ne vais pas pour autant tout rater
- Je vais oser essayer plus de choses
- Je vais alors apprendre encore plus de choses
etc…
Je m’appelle Anissa, j’ai 10ans et je suis perfectionniste j’avais tendance à vouloir que tout soit parfait. Le chemin sera long pour moi, comme pour plein d’adultes, mais je suis en train d’apprendre. Je vais maintenant essayer d’abandonner petit à petit mes comportements perfectionnistes et opter pour des comportements optimalistes 😉
(ps : je vais demander à mes parents que ce soit ma sœur qui vienne la prochaine fois parce que ça ne lui ferait pas de mal d’être optimaliste dans le rangement de ses affaires)
Belle quête et acceptation de nos imperfections !