Dans le milieu du développement personnel, on évoque souvent le fait de ne pas être aligné et de chercher à l’être. L’alignement apparait comme une sorte de graal, un état idéal où tout s’emboiterait et deviendrait fluide.
Mais de quoi parle-t-on exactement ?
Qu’est-ce que ça signifie être aligné ?
Le Larousse défini l’alignement comme l’action de se conformer à l’attitude de quelqu’un, de se régler sur quelque chose.
Comme il est ici question d’alignement personnel, ce serait donc l’action de se conformer à ce que nous sommes, de nous régler sur nous-même.
Pour simplifier, être aligné, c’est donc :
- Faire ce qu’on pense : nos actions sont cohérentes avec nos pensées
- Faire ce qu’on dit : nos actions sont cohérentes avec nos propos
- Dire ce qu’on fait : on n’a pas de craintes à exprimer nos comportements et actions
- Dire ce qu’on pense : on n’a pas de craintes à exprimer ses pensées
Bien sûr, cela ne veut pas dire qu’on dira ou fera tout ce qui nous passe par la tête, mais lorsque c’est important pour nous, on ne se musèle pas, on ne se restreint pas, on passe au-delà du regard des autres. On assume qui on est, ce qu’on pense et ce qu’on fait.
L’enjeu derrière cette notion d’alignement, c’est souvent une notion de sérénité et de bien-être. On arrête de lutter contre soi et contre le regard des autres. A la clé, c’est notre santé physique et mentale qui est en jeu. Car nombre de symptômes sont liés à des désalignements.
Les symptômes du désalignement
La maladie, c’est le « mal a dit ». Ainsi beaucoup de nos maux sont le reflet de mots mal ou non exprimés dans nos paroles ou nos actes. Bref, d’un manque d’alignement.
Par exemple, Noémie a souvent de grosses migraines, notamment lorsqu’elle n’exprime pas ce qu’elle pense profondément et que ça rumine et finit par surchauffer dans sa tête.
Antoine est épuisé. Son corps ne veut plus faire ce que son esprit lui dit d’arrêter de faire depuis si longtemps. En effet, son job ne lui plait plus. Mais il faut bien gagner sa vie. Alors, il fait preuve d’une grande volonté et d’obstination, jusqu’à ce que son corps lui exprime plus violemment son problème d’alignement, en ne lui donnant plus le carburant nécessaire pour continuer à travailler comme si de rien n’était.
Marie a tout le temps mal au ventre. Reflet de ce qu’elle a du mal à digérer…
Etc…
Pour en savoir + : https://sain-et-naturel.ouest-france.fr/maladie-mal-a-dit-emotions-maladies.html
Au-delà de tous ces maux, quand on n’est pas aligné, on a souvent le sentiment de :
- Jouer un rôle
- Ne pas être à sa place
- Manquer de sens
Bref, notre corps et notre cœur nous parlent. Ils émettent des signaux d’alerte à tout va.
Et plus on tente de les étouffer, plus ils ont tendance à s’exprimer fortement. C’est pourquoi, en général, autour de 35/45ans, on finit par y porter davantage attention car il devient de plus en plus difficile d’ignorer ces signaux. On commence alors à admettre que quelque chose ne va pas. On prête davantage attention à cette petite voix. Et on se met en quête de ce fameux alignement…
Trouver l’alignement grâce à la pyramide de Dilts
D’après Robert Dilts, notre pensée est organisée en différents niveaux logiques.
L’environnement (où, quand et avec qui nous sommes)
C’est tout ce qui définit le contexte : le lieu, l’évènement, les personnes.
Les comportements (ce que nous faisons)
Ce sont toutes les actions et attitudes que nous mettons en œuvre dans l’environnement.
Les capacités (Ce que nous savons)
C’est l’ensemble de nos compétences qui nous permettent d’adopter les bons comportements en fonction de l’environnement dans lequel on se trouve.
Les valeurs et croyances (ce à quoi nous croyons)
C’est tout ce que nous évaluons comme bon ou mauvais, vrai ou faux. Ça colore nos capacités (en fonction de mes valeurs et croyances, je vais me sentir capable ou non de faire certaines choses), nos comportements (en fonction de mes valeurs et croyances, je vais avoir envie d’agir ou non d’une certaine façon) et notre environnement (je vais probablement aller dans des environnements qui partagent mes valeurs et croyances).
L’identité (ce que nous sommes)
Comme un oignon, nous disposons de plusieurs couches de notre identité. Ces couches sont liées aux différents rôles que nous adoptons tout au long de notre vie (fils de, mari, père, artisan, patron, footballeur…). Au cœur de cet oignon, il y a ce que nous sommes profondément, notre singularité et nos éléments identitaires stables.
Le spirituel (ce que nous sentons)
C’est ce qui nous relie au monde, à quelque chose de plus vaste et qui nous dépasse. C’est de l’ordre du ressenti à l’intérieur de nous, et qui nous relie d’une certaine façon au monde. C’est le fameux sens que l’on donne à ce qui se passe et à la raison de notre présence sur cette terre.
Pour reprendre un exemple de Robert Dilts, voici comment la même information peut être traitée de façon différente selon le niveau logique que l’on prend :
- Cet objet dans cet environnement est dangereux (environnement)
- Vos actions dans ce contexte sont dangereuses (comportement)
- Votre incapacité à analyser la situation est dangereuse (capacités)
- Vos croyances et valeurs sont dangereuses (valeurs et croyances)
- Vous êtes dangereux (Identité)
- Votre vision de la vie/philosophie/religion est dangereuse (spirituel)
Je vous laisse imaginer le nombre de fois où nous pouvons nous tromper sur le niveau logique. Par exemple, combien de fois attaquons-nous l’identité de quelqu’un, alors que c’est au niveau comportement qu’il y avait un souci. Et combien de fois, faisons-nous ainsi des conclusions sur notre propre identité, alors qu’il s’agissait d’un autre niveau logique ? Mais bon, ça, c’est un autre sujet 😉 directement en lien avec la construction de l’estime de soi...
Gregory Batson explique que nos apprentissages se font naturellement de façon progressive au sein de la pyramide :
- Quand nous sommes petit, notre attention se porte sur notre environnement. Où et avec qui on se trouve. En l’occurrence, papa, maman, mes frères et sœurs, ma maison, la crèche, l’école…
- En grandissant, on s’axe sur les comportements. Ce qu’on fait, doit faire et ce que les autres font
- En grandissant encore, on acquiert des savoirs et on doit montrer nos capacités
- Vers 35/45ans, on passe par ce qu’on appelle la transition de milieu de vie, où c’est notre ETRE qui prend le pas sur le FAIRE. On commence à confronter son quotidien à nos valeurs et on requestionne certaines de nos croyances (pour en savoir +, je vous invite à écouter le Cocon Podcast où j’étais justement invitée pour parler de ce sujet)
- Vers la cinquantaine, notre identité s’affirme. Nous assumons davantage qui nous sommes, avec toutes les facettes et les casquettes de notre identité
- Enfin la vie se poursuit vers la voie de la sagesse, vers ce qu’on appelle le transpersonnel et donc le spirituel.
Bien sûr, toutes ces étapes peuvent être franchies un peu plus tôt ou plus tard. Les autres niveaux logiques ne sont pas inexistants avant, mais ils ont moins d’importance.
On comprend donc que naturellement, nous évoluons dans la vie en allant du bas de la pyramide, vers le haut. Pour autant des questions de sens, d’identité, peuvent bien sûr se poser avant la quarantaine. Et c’est justement quand on se pose ce type de questions que le sentiment de désalignement peut se faire ressentir. C’est comme si on se sentait pris en étau au milieu de la pyramide car on la remonte comme tout le monde, et en même temps, quelque chose venant du haut nous souffle d’autres chemins. On peut alors ressentir un profond décalage entre où nous sommes, ce que nous faisons, ce que nous sommes ou pensons être et ce à quoi nous aspirons. C’est le fameux désalignement…
Face à cela 2 grandes possibilités :
- Soit on étouffe ses ressentis et questionnements. Il y a cependant de très fortes probabilités pour que ça revienne de plus en plus souvent et de plus en plus intensément, ce qui demandera alors de plus en plus d’efforts pour étouffer ces ressentis. Et par conséquence, sans doute de plus en plus de symptômes physiques et psychiques comme évoqué plus haut
- Soit on écoute ses ressentis et questionnements et on cherche alors ce fameux alignement.
La question est : comment fait-on pour atteindre cet alignement ?
Et bien, « simplement », en prenant la pyramide dans l’autre sens, et en se posant, pas à pas, les questions suivantes :
- Spiritualité : A quoi ressemble le monde dans lequel vous avez envie de vivre ? Quelle est votre vision de la vie, de l’humanité ? Quel sens à la vie pour vous ? Quelle serait votre mission sur terre ?
- Identité : Qui êtes-vous ? Quel genre de personne voulez-vous être ?
- Valeurs/croyances : Quelles sont les valeurs et croyances utiles pour réaliser les 2 niveaux supérieurs ? Qu’est-ce qui est bon, vrai, juste, important pour vous ?
- Capacités : De quelles capacités disposez-vous pour réaliser les niveaux supérieurs ? Quelles capacités auriez-vous besoin d’acquérir ?
- Comportements : Quels comportements devez-vous mettre en place, renforcer, diminuer ou abandonner pour réaliser les niveaux supérieurs ?
- Environnement : Où, quand et avec qui voulez-vous réaliser tout cela ? Quels sont les contextes et les environnements propices à la réalisation des niveaux supérieurs ?
C’est en partant ainsi du haut que vous pourrez vous aligner.
Petite parenthèse pour les dirigeants, managers et RH : la logique est exactement la même pour une entreprise, on parle simplement de vision et ambition à la place de la spiritualité. Une fois la vision, l’ambition et l’identité de l’entreprise définis, on peut alors, par effet de cascades, les décliner en valeurs et croyances aidantes, capacités nécessaires, comportements attendus et environnement adéquat. Quand les salariés expriment des injonctions paradoxales et des incohérences, c’est qu’il y a des écarts entre ce qui est défini en haut de la pyramide et ce qui est vécu sur les niveaux inférieurs.
Pour revenir à la dimension personnelle, quand on se sent désaligné, c’est qu’on fait beaucoup de choses en fonction de l’environnement dans lequel on est (on part donc du bas de la pyramide), mais on ressent qu’on est désaxé, qu’on aurait envie d’être ou de faire autre chose. Comme évoqué plus haut, on ne se sent pas à sa place, on manque de sens, on a l’impression de jouer un rôle. Sentiment d’autant plus difficile à vivre qu’on constate que d’autres personnes se sentent totalement à leur place, alignées et authentiques dans ce même environnement. Mais chacun son identité et donc ses environnements propices…
L’histoire du vilain petit canard raconte totalement cela. Un cygne qui s’ignore (identité méconnu) et qui fait tout ce qu’il peut (comportement) pour s’adapter à une vie de canard (environnement). S’il avait commencé par le haut de la pyramide, ou au moins par le niveau identité, il n’aurait pas développé des croyances qu’il avait un souci et qu’il n’était pas normal car il ne parvenait pas à évoluer aussi facilement et sereinement que les autres dans ce monde de canards.
Et vous, combien de fois essayez-vous de vous fondre dans un environnement qui n’est finalement pas le votre ? Tout cela au prix d’efforts considérables mais rarement suffisants et payants et avec toujours ce sentiment de décalage et de désalignement ? et in fine, une impression d’avoir un problème, de ne pas être normal ? Et donc progressivement une perte de confiance en soi voire une mauvaise estime de soi…
Pourtant, on a bien appris lorsqu’on était enfant qu’un triangle ne rentrait pas dans un carré et ce n’est pas, pour autant que le triangle a un problème…
Comme le résume parfaitement cet épisode de Et tout le monde s’en fout, c’est comme si vous étiez en Bretagne (environnement) et que vous vous preniez pour un beurre salé (identité) 😉
Gérer les valeurs ou objectifs contradictoires
La clé consiste donc à se poser les vraies questions : des questions existentielles 😉 Oui oui, vous avez bien lu. Toutes ces questions connotées par beaucoup comme trop conceptuelles, abstraites, inutiles et tortueuses. Alors qu’elles sont essentielles et pourraient nous éviter tant de difficultés.
Des ressources comme des livres, des vidéos, des témoignages inspirants peuvent vous y aider. Et sinon, faites appel à un professionnel car l’exercice peut être particulièrement difficile et confusant tout seul. D’autant plus que bien souvent l’égo et des croyances limitantes viennent interférer vos réponses et vous empêchent d’oser évoquer vos aspirations les plus profondes.
Je vous propose cependant un petit exercice sur l’alignement avec vos valeurs. On ne se positionne donc pas tout en haut de la pyramide, mais quand on parvient à se sentir aligné avec ses valeurs, c’est déjà une très bonne chose.
1ère étape : listez les valeurs importantes pour vous. Faites une liste de maximum 6/8 valeurs. C’est déjà pas mal
Demandez-vous quelles sont les valeurs importantes que vos parents vous ont transmises et auxquelles vous êtes attachées. Si vous avez des enfants, pensez aux valeurs que vous leur transmettez. Et si vous n’en avez pas, faites comme ci et imaginez ce qu’il serait important pour vous de leur inculquer comme valeurs.
Si besoin, vous pourrez trouver des listes de valeurs sur Internet
2ème étape : pondérez de 1 à 3 chacune des valeurs. 3 pour les valeurs les plus importantes pour vous, 2 pour les intermédiaires et 1 pour les autres.
3ème étape : évaluez votre niveau de satisfaction actuelle sur chacune des valeurs. 10 si vous vous sentez totalement aligné aujourd’hui avec cette valeur et 1 si vous ne l’êtes pas du tout
4ème étape : évaluez le niveau de satisfaction sur lequel vous aimeriez être sur chacune de ses valeurs (toujours sur l’échelle de 1 à 10)
5ème étape : calculez pour chacune des valeurs la différence entre l’état désiré et l’état actuel et multipliez ce résultat par la pondération choisie en étape 2
Vous obtenez ainsi un ordre de priorité pour vous sentir davantage aligné avec vos valeurs.
6ème étape : sur vos 3 valeurs prioritaires, définissez un objectif et peut-être déjà quelques pistes pour atteindre cet objectif.
Si malgré cet exercice, vous avez encore le sentiment de vivre un conflit interne de valeurs, comme d’un côté un petit ange qui vous dit quelque chose, et de l’autre côté, un petit démon qui vous souffle le contraire, je vous invite à lire l’article : Tu n’es pas seul dans ta tête et c’est une bonne chose
La vie est ainsi faite que l’alignement n’est jamais acquis une bonne fois pour toute. Beaucoup de choses peuvent nous amener à dévier, très progressivement, sans réellement s’en rendre compte. Et il arrive alors, qu’on ressente à nouveau des tensions internes, des réactions dans notre corps etc… Il est aussi possible que vous continuiez de découvrir et apprendre des choses sur vous qui vous amène à réévaluer différemment votre identité, et donc par effet de cascades, vous oblige à changer les niveaux logiques inférieurs pour rester aligné. Encore une fois, tout cela est parfaitement normal.
C’est en cela, que l’alignement est à la quête d’une vie 😉
Belle recherche.
Marion