Il y a quelques années, j’assiste à une conférence où l’intervenant nous raconte l’histoire d’une femme qu’il a accompagnée et qui était particulièrement marquée par ses échecs. Le premier dont elle se souvenait très clairement, c’était enfant, vers l’âge de 10 ans. Elle participe alors pour la première fois à un concours d’écriture. Elle revoit encore la lettre reçue, dans laquelle elle est félicitée pour ses écrits. On l’encourage à continuer, tout en lui disant qu’elle ne fait pas partie des enfants sélectionnés pour la finale. Cet échec est, pour elle, le premier d’une longue liste :
- Une épreuve orale de français complètement ratée
- Sa non-admission dans le top 5 des meilleures écoles de commerce
- De nombreuses histoires d’amour décevantes et douloureuses, dont une qui se soldera par un divorce
- 3 périodes de sa vie où elle a dû s’inscrire à pôle emploi : 1 fois car elle s’est trompée dans son choix d’entreprise et 2 autres où elle s’est fait remercier assez brutalement par ses employeurs
- Sa dépression il y a quelques années
- La faillite de l’entreprise qu’elle avait montée au début des années 2000
- Etc…
L’intervenant, quelque peu provocant, nous dit alors : « et oui, certaines personnes n’ont pas de chance et cumulent ainsi les déboires, quand pour d’autres tout est facile et ressemble à une succession de réussites ». Il nous parle alors d’une femme qui a fait de brillantes études, à une vie sociale et amoureuse riche, 3 enfants qui font sa fierté. Elle a aussi remporté une bataille contre la maladie. Professionnellement, son parcours est assez incroyable : elle a occupé des postes à grandes responsabilités, autant dans de grands groupes que dans des PME. Elle a mené et remporté beaucoup de victoires professionnelles, qui étaient loin d’être gagnées d’avance, notamment pour une femme à cette époque-là. Aujourd’hui, elle est à la tête d’une entreprise florissante.
Et oui, comme le disait cet intervenant, il y a des gens chanceux et/ou talentueux et d’autres malchanceux et/ou non talentueux. Enfin… ça, c’est ce qu’on aime se dire… En réalité, il n’y a ni chance, ni malchance. Ni talents ou absence de talents pour tout. Il n’y a que des expériences de vie. Des expériences de vie qui ne se cloisonnent pas en expériences négatives et d’autres positives. Ces expériences ne nourrissent les unes des autres.
En réalité, ces deux femmes n’en sont qu’une.
Nos histoires de vies peuvent autant être racontées du côté des échecs que des réussites. Et nous privilégions souvent une seule de ces versions.
Et vous, quelle version privilégiez-vous lorsque vous racontez votre parcours ? Pensez vous que votre version privilégiée pourrait exister sans l’autre face ?
Réussite et échec sont les 2 faces d’une même pièce. Elles sont indissociables. Si on veut réussir, on doit accepter l’échec. Si on ne veut pas échouer, on doit renoncer à la réussite.
Malheureusement dans notre culture française, l’échec reste très mal perçu.
Notre culture de l’échec
Commençons par une bonne nouvelle : nous avons tous échoué, et nous avons tous su nous en relever. L’expérience commune que nous partageons, c’est celle d’apprendre à marcher. Un enfant tomberait ainsi plus de 2000 fois avant de savoir marcher… Imaginez si nous avions abandonné en nous disant que définitivement ces 1999 tentatives étaient le signe que nous n’étions pas faits pour marcher.… Tant pis, on abandonne… Heureusement, on ne se pose pas la question en ces termes. Notre envie de réussir à marcher est plus forte.
Le problème arrive souvent à notre entrée à l’école. Même si on sait que les erreurs sont un passage nécessaire à l’apprentissage, il n’empêche qu’on doit les éviter au maximum. On est évalué sur le fait d’obtenir de bonnes notes et d’être en haut du classement. Il faut donc réussir et idéalement réussir dès la première évaluation ou au moins aussi bien que la moyenne de la classe. Sinon, nous voilà rapidement catalogués « élève en difficulté ». Même si les choses ont évolué (on utilise un peu moins les systèmes de notation, les erreurs entourées en rouge…), notre culture en reste très marquée.
Le monde de l’entreprise tente également d’évoluer en évoquant de plus en plus le droit à l’erreur. Car on sait que c’est essentiel pour que les gens osent, soient créatifs, cherchent par eux-mêmes des réponses à leurs problématiques. Mais dans les faits, ça reste très compliqué. L’échec est peu toléré et encore moins encouragé.
Il y a quelques années, alors que j’étais manager, j’ai voulu mettre en place « la fête de la défaite ». Ce rituel américain a pour but de valoriser une initiative, intégrant que l’échec fait partie du processus créatif. Le but étant que les salariés continuent de chercher à innover quitte à faire des erreurs. Dans ce rituel, la dimension d’apprentissage est également essentielle. On essaie ensemble de tirer des enseignements : qu’est-ce qui a quand même fonctionné ? Quelles sont les erreurs ? Qu’aurait-on pu faire de différent ? etc… Ma proposition a fait un énorme flop…. Mes collaborateurs ne voulaient pas entendre parler des échecs. C’était, à leurs yeux, négatifs, pessimistes et dangereux. Et pourtant, ils s’entendaient globalement bien. Mais on sentait que parler de leurs échecs, c’était se montrer vulnérable et défaillant. Il était donc hors de question d’exposer ça aux autres.
Autre illustration de notre rapport à l’échec en France : le premier vol de la fusée d’Elon Musk en avril 2023. Tous les commentaires en France tournaient autour du fait que ce premier vol était un échec cuisant pour Elon Musk. Mais alors, pourquoi les gens de SpaceX applaudissaient-ils quand même ? Réponse française : de la pure mise en scène américaine. « Ils font comme si c’était une réussite pour sauver les apparences ». Sauf que, côté américain, c’est réellement plus une réussite qu’un échec. L’objectif était de faire décoller la fusée. Donc objectif atteint. Certes, la fusée a explosé ensuite. Mais rendez-vous compte déjà de l’exploit de réussir à faire décoller une fusée au premier essai !
Charles Pépin, dans son excellent livre les vertus de l’échec, explique que les États-Unis ont une culture du « fast fail » alors qu’en France, notre culture est celle du « fast track ». Globalement aux EU, non seulement c’est ok d’échouer, mais c’est encore mieux d’échouer vite. Ainsi, un entrepreneur qui échoue rapidement est vu comme un bon entrepreneur. Il a osé. Il s’est planté. Il a appris vite. Il a désormais plus de chance de réussir qu’un entrepreneur qui n’a pas encore échoué. Ainsi un chef d’entreprise américain ayant fait faillite aura plus de chances d’obtenir un prêt des banques pour un nouveau projet. C’est l’extrême inverse en France où il y a encore quelques années, les entrepreneurs ayant fait faillite étaient pratiquement blacklistés.
Le « fast track » français traduit l’idée de réussir vite, d’être tout de suite sur les bons rails. C’est par exemple très vrai dans le choix des études. Un étudiant qui se rend compte que son choix d’études supérieures n’était pas le bon et qu’il souhaite donc changer, le vivra comme un échec (ou si lui ne le vit pas comme tel, son entourage ne manquera pas de lui faire comprendre…). À l’inverse, aux EU, certaines universités ont fait des échecs des étudiants, et notamment des erreurs d’orientation, un critère de choix. Ces universités partent ainsi du principe que ces étudiants ont appris de leurs erreurs et qu’ils postulent alors chez eux non par hasard ou par défaut, mais bien parce que leur erreur leur a permis de comprendre la voie qui leur correspondait.
On caricature souvent les Américains en évoquant un égo surdimensionné. Pourtant, il me semble que c’est bien en France que notre égo nous empêche d’assumer pleinement nos échecs et d’en faire alors de réelles opportunités.
En fait, nous confondons en France nos résultats et notre identité. Si j’échoue, je suis un raté. Si je réussis, je suis un champion. Cette tendance à se mettre ce type d’étiquettes est à la racine de notre rapport si compliqué avec l’échec, mais aussi la réussite.
Notre vision fantasmée de la réussite
Notre aversion à l’échec va de pair avec une vision fantasmée de la réussite.
Nous associons la réussite au talent de la personne. Or, la réussite est aussi dès fois une question de chance. Un nombre incalculable d’inventions sont le fruit d’erreurs, d’échecs, de concours de circonstances.
Le Post-it : L’invention emblématique des notes autocollantes a été créée par erreur. Spencer Silver, un chimiste de 3M, travaillait sur un adhésif super fort dans les années 1960. Cependant, il a produit un adhésif qui était plutôt faible. Il a fallu plusieurs années avant que son collègue Art Fry n’ait l’idée ingénieuse d’utiliser cet adhésif pour créer des notes repositionnables, donnant naissance au Post-it tel que nous le connaissons aujourd’hui.
La Tarte Tatin : Cette célèbre tarte aux pommes renversée aurait été créée par accident par les sœurs Tatin dans leur hôtel-restaurant en France. Selon la légende, l’une des sœurs aurait oublié de mettre la pâte dans le moule avant d’ajouter les pommes, ce qui a conduit à la cuisson des pommes et de la pâte ensemble. Pour sauver la situation, elle aurait retourné la tarte, créant ainsi la délicieuse tarte Tatin.
Le Viagra : À l’origine, le Viagra, médicament destiné à traiter l’hypertension artérielle et l’angine de poitrine, a été découvert par accident. Les chercheurs de Pfizer ont initialement développé le médicament dans les années 1980 dans le but de traiter ces conditions cardiovasculaires. Cependant, lors des essais cliniques, les participants ont signalé des effets secondaires inattendus, ce qui a conduit à la découverte de ses propriétés pour traiter la dysfonction érectile, et le Viagra est devenu par la suite l’un des médicaments les plus connus au monde.
Ces exemples sont assez connus. On oublie cependant trop souvent de dire que la chance ne fait pas tout. La différence réside en la capacité à s’en saisir. Si ces inventeurs avaient été pollués par des discours internes, des croyances limitantes, du type « je suis nul », « ça ne marche pas », « je n’y arrive pas », ils n’auraient probablement pas été capables de saisir ces opportunités.
Nous avons aussi une vision trop perfectionniste. Réussir, ce serait faire quelque chose de parfait et en plus, réussir la perfection au premier coup. Alors… non seulement la perfection n’existe pas. Mais en plus, du premier coup… autant dire que nous courrons après quelque chose qui est inatteignable. Pour réussir, il faut au contraire enchainer les échecs et les actions imparfaites.
Regardez les artistes. Un artiste réalise rarement une grande œuvre du premier coup. Il fait des esquisses, des brouillons, il corrige, il améliore, il abandonne, il y revient. Bref, la vision fantasmée de l’artiste qui se met devant sa toile et réalise d’un seul jet un chef-d’œuvre est une vision fausse. Idem pour l’écrivain qui se mettrait devant son ordinateur et écrirait d’une traite le roman de l’année.
Et si c’est vrai pour l’artiste, c’est vrai aussi pour l’artisan, le chef d’entreprise, les parents, les salariés que nous sommes. Arrêtons d’exiger de nous cette perfection qui ne fait que nous paralyser et nous condamner finalement soit à ne rien tenter, soit à se rendre malade au premier échec.
C’est pour contrecarrer cette croyance tenace de la réussite immédiate, flamboyante et dépourvue de toutes imperfections et échecs, que tous ces parcours de personnalités ont été mis en avant. Apprenons à nous comparer correctement. Et pour cela, il faut voir la totalité de l’iceberg et non uniquement sa pointe émergée.
Walt Disney : Avant de fonder l’empire Disney, Walt Disney a connu de nombreux échecs et difficultés. On lui a dit qu’il manquait d’imagination et qu’il n’avait pas de bonnes idées. Il a également fait face à plusieurs faillites avant de créer Mickey Mouse et de lancer l’entreprise qui est aujourd’hui l’une des plus grandes sociétés de divertissement au monde.
J.K. Rowling : Avant de devenir l’une des auteures les plus célèbres de notre époque avec la saga Harry Potter, J.K. Rowling a dû faire face à de nombreuses difficultés. Elle était une mère célibataire vivant de prestations sociales, et son manuscrit a été rejeté par de nombreux éditeurs avant qu’elle ne décroche finalement un contrat de publication. Aujourd’hui, ses livres se sont vendus à des millions d’exemplaires et ont été adaptés au cinéma avec un succès retentissant.
Michael Jordan : Considéré comme l’un des plus grands joueurs de basketball de tous les temps, Michael Jordan a pourtant été rejeté de l’équipe de basket-ball de son lycée lors de sa première tentative. Cet échec l’a poussé à travailler encore plus dur, ce qui l’a finalement propulsé vers une carrière extraordinaire dans la NBA, où il a remporté de nombreux titres et distinctions.
Oprah Winfrey : L’une des personnalités les plus influentes de l’industrie des médias, Oprah Winfrey a surmonté de nombreux obstacles dans sa vie, notamment une enfance difficile marquée par la pauvreté et les abus. Elle a également été licenciée d’un emploi de journaliste parce qu’elle était « inapte pour la télévision ». Cependant, elle a persévéré et a finalement créé sa propre émission de télévision, devenant un modèle de réussite et de philanthropie.
Notre rapport au risque
En réalité, la question est : quels risques sommes-nous prêts à prendre pour réussir ?
Oser réussir, c’est oser échouer. C’est donc oser prendre des risques, accepter que nous ne sommes pas en mesure de tout maitriser et tout faire parfaitement. Intégrer que nous apprendrons en chemin. Et se faire suffisamment confiance sur le fait que nous serons capables de rebondir face aux imprévus et imperfections.
Le fait que l’entrepreneuriat ait le vent en poupe est un bon signe sur le fait que les nouvelles générations soient plus à l’aise avec cette notion de risque. Reste à voir dans le temps, leur capacité à persister face à l’échec.
Dès le début de sa carrière d’entrepreneur, Richard Branson a pris des risques considérables. En 1971, il a fondé Virgin Records, une maison de disques indépendante, en misant sur des artistes émergents. Malgré les défis posés par l’industrie musicale, il a su saisir les opportunités et a signé des artistes à succès tels que Mike Oldfield et les Sex Pistols. Il a également étendu les activités de Virgin dans d’autres secteurs, tels que les voyages, les médias et les télécommunications.
Malgré ses nombreux succès, Branson a également connu des échecs notables. L’un de ses projets les plus médiatisés était la compagnie Virgin Cola, qui visait à concurrencer des géants comme Coca-Cola. Malheureusement, Virgin Cola n’a pas réussi à s’imposer sur le marché et a finalement été reléguée au second plan. De plus, sa tentative de lancer Virgin Brides, une entreprise spécialisée dans les mariages, s’est soldée par un échec, en partie à cause d’un manque de compréhension du marché.
Malgré ces revers, Branson a connu d’immenses succès avec le Groupe Virgin. Virgin Atlantic Airways, sa compagnie aérienne, a été un succès retentissant, offrant des services innovants et de haute qualité qui ont défié les acteurs établis du secteur. Virgin Mobile a également été une réussite majeure, offrant des services de téléphonie mobile novateurs et abordables. La marque Virgin est désormais synonyme d’innovation, de qualité et de service client exceptionnel dans de multiples industries.
Vous l’avez compris, ceux qui réussissent plus que les autres, sont aussi ceux qui échouent plus que les autres. La différence n’est donc pas entre réussir et échouer, mais entre oser ou ne pas oser, persévérer ou abandonner.
Comme le défend Michel Poulaert dans son livre Pour réussir, osez échouer ! ce qui change tout, c’est une vision optimiste des échecs, avec cette capacité à transformer les pépins et pépites.
Les vertus de l’échec
Et justement, en parlant de pépins, le philosophe Charles Pépin a publié un livre appelé les vertus de l’échec. Il évoque notamment le fait que :
- L’échec permet d’apprendre plus vite
Quand on échoue, ce n’est pas forcément le projet ou l’objectif qu’il faut remettre en question. Ce peut être la façon de s’y prendre. L’échec est une information nous invitant à modifier au moins un paramètre. Malheureusement, nous avons tendance soit à abandonner au premier échec, soit à ne pas prendre le temps d’analyser notre échec. Nous n’en tirons alors aucun apprentissage. Ce qui nous amène tout droit vers un second échec.. Et là, c’est notre confiance en nous voire notre estime qu’on malmène. À l’échelle individuelle comme collective, nous aurions tous à gagner à oser regarder en face nos erreurs pour en tirer des apprentissages, comme le font par exemple des sportifs lorsqu’ils revisionnent un match. Mais comme ça nous fait revivre une expérience désagréable, nous préférons passer à autre chose. Dommage, car nous nous privons d’informations essentielles pour réussir.
« je ne perds jamais, je gagne ou j’apprends » Mandela
- L’échec permet de comprendre
La base des démarches scientifiques est de faire des hypothèses et de les tester. La majorité de ces hypothèses et donc des expérimentations qui en découlent sont alors des échecs. Mais c’est en éliminant hypothèse par hypothèse qu’on se rapproche de la vérité. Il est en de même dans nos métiers, dans l’éducation de nos enfants etc… Nul ne détient la vérité dès le départ. Il faut accepter d’expérimenter, d’apprendre et donc de se tromper.
« Je n’ai pas échoué. J’ai simplement trouvé 10 000 solutions qui ne fonctionnent pas » Thomas Edison
- L’échec permet d’affirmer son caractère
L’échec, loin d’être une simple défaite, joue un rôle essentiel dans le façonnement de notre caractère. Chaque revers surmonté renforce notre résilience et notre capacité à faire face aux défis futurs. Ces expériences difficiles nous apprennent la persévérance, l’adaptabilité et la patience, nous permettant de développer une force intérieure qui est essentielle pour affronter les hauts et les bas de la vie. Et quand l’échec concerne un projet qui nous tient particulièrement à cœur, il peut être l’occasion de découvrir des ressources insoupçonnées à l’intérieur de nous. Nous avons alors cette niaque qui nous différencie des autres et qui nous permet d’être plus fort. Tous ces parcours de personnalités qui ont connu la réussite après des échecs parfois cuisants, nous inspirent justement parce qu’elles n’ont rien lâchées et ont fait preuve d’une force de caractère incroyable.
« La difficulté attire l’homme de caractère, car c’est en l’étreignant qu’il se réalise lui-même » Charles de Gaulle
- L’échec comme leçon d’humilité et expérience du réel
Je le répète très souvent dans mes articles : nous sommes des êtres humains imparfaits et faillibles. L’expérience de l’échec, même si elle est douloureuse, nous rappelle simplement ce fait. Imaginez les risques insensés que nous prendrions si l’échec n’était pas de ce monde. Imaginez le melon qu’on se prendrait. Imaginez aussi à quel point nous pourrions sortir des clous et peut-être emprunter des voies plus ou moins légales, puisque nous serions sûrs de ne pas échouer. C’est ce qu’on appelle le syndrome d’hubris : un sentiment de toute puissance, qui rend une personne narcissique, arrogante, prétentieuse et ayant de plus en plus recours à la manipulation, le mensonge et le mépris. Déconnectée de la réalité, elle se sent invincible. Certains Hommes de pouvoir en ont fait l’expérience… À un moment, le réel les rattrape et la chute n’en est que plus rude.
« le fait d’avoir été renvoyé d’Apple a été la meilleure chose qui me soit arrivée (…) Ce fut un médicament affreux mais je pense que le patient en avait besoin » Steve Jobs
- L’échec comme chance de se réinventer
Nous avons tendance à voir l’échec comme une sortie violente de nos rails. Tout était tracé, nous n’avions plus aucune question à nous poser. Et d’un seul coup, c’est l’accident. Cet accident peut s’appeler divorce, licenciement, maladie ou encore burnout. Pour l’avoir vécu personnellement et pour accompagner beaucoup de personnes dans ce type de situations, on ne peut nier la violence de ces ruptures. Cependant, ce sont souvent des occasions uniques de se réinventer : travailler sur soi pour devenir la personne qu’on veut être, changer les priorités dans sa vie, faire le métier dont on a toujours rêvé, etc… Parfois, l’échec est le signal qu’on n’est simplement pas ou plus sur la bonne voie.
« souvent nous voyons l’échec comme une porte qui se ferme. Et si c’était une porte qui s’ouvre ? » Charles Pepin
En chinois le mot crise est composé de 2 caractères : l’un qui signifie danger et l’autre qui signifie opportunité.
L’échec est une crise. À nous de ne pas y voir seulement le danger mais aussi les opportunités qui peuvent en découler.
Vous l’avez compris, fuir l’échec revient à s’interdire toute possibilité de succès. Et même si le succès était au rendez-vous, quel en serait son attrait ? Pourrions-nous vraiment savourer nos réalisations si tout avait été facile, sans erreurs, sans crainte de l’échec ? J’ai tendance à croire que non. Je rencontre parfois des personnes qui racontent que leur vie a toujours été plutôt facile. N’ayant jamais connu l’échec, elles en ont une trouille bleue. Mais elles ont aussi un sentiment de vide, comme si, malgré les réussites qu’on leur attribue, elles ne les perçoivent pas comme telles, car il y manque la sueur, le risque, et finalement la gloire d’avoir réussi malgré une certaine adversité. Finalement, à l’heure du bilan, ces personnes-là n’ont-elles pas un goût amer, celui d’avoir vécu une vie sans saveur ? Ni celle du risque. Ni celle de la réussite. Finalement, leur échec ultime ne serait-il pas celui de n’avoir jamais osé davantage ?
Personnellement, je préfère avoir des remords que des regrets.
Je vous souhaite donc une vie remplie d’échecs ! 😉